[PORTRAIT] Valentin Duvert Chenebert, doctorant au laboratoire SENS et LPNC
Publié par Laetitia Minniti, le 4 novembre 2024 180
Doctorant au laboratoire SENS, Valentin Duvert Chenebert nous partage son engagement et son enthousiasme pour la recherche scientifique.
Est-ce que tu peux te présenter ?
Je m'appelle Valentin Duvert Chenebert, je suis doctorant au Laboratoire SENS et au Laboratoire de Psychologie et NeuroCognition (LPNC) à l'Université Grenoble Alpes (UGA). J’ai 23 ans et j'ai commencé ma thèse en octobre 2023.
Quel est ton parcours étudiant/professionnel ?
J’ai fait une Licence Management du sport à l’Université de Grenoble. Au début de ma licence, je n'étais pas vraiment sûr de la direction à prendre. J'hésitais entre deux parcours : entraînement sportif et management du sport, qui ont des objectifs très différents. J'ai finalement choisi le management. Cependant, en troisième année de Licence, je me suis rendu compte que ce domaine ne me plaisait pas du tout.
J'ai alors décidé de me réorienter vers des domaines plus axés sur l'entraînement sportif, et en particulier la recherche dans ce domaine. J'ai donc choisi d’intégrer un master ISMH (Ingénierie et Sciences du Mouvement Humain), qui permet de créer un parcours à la carte. Je pouvais choisir mes matières. J'ai aussi eu la chance de rencontrer Valentin Roux, doctorant de David Trouilloud, qui était aussi mon entraîneur de handball. Valentin faisait une thèse à ce moment-là au Laboratoire SENS. Il m'a beaucoup guidé et m'a expliqué ce qu'était une thèse. Ses recherches portaient sur des thématiques qui m'intéressaient également. Il m’a vraiment bien aidé à construire mon projet professionnel. Je pense que c’est grâce à lui que j’ai eu envie de faire un stage au Laboratoire SENS pendant mon Master 1, ce qui a solidifié mon intérêt pour la recherche. Cela m'a mené assez naturellement à poursuivre en Master 2, puis en thèse.
Pourquoi avoir choisi d’étudier le sport ? Quel(s) sport(s) pratiquais-tu ou pratiques-tu ?
J'ai toujours été passionné de sport. Je faisais énormément de sport quand j'étais jeune. J'ai pratiqué le judo, l'escalade, le handball, entre autres, en club. Ensuite, j'ai exploré divers sports en UNSS, notamment l'athlétisme. Au lycée, j'ai intégré une section sportive handball à Valence, ce qui m'a plongé dans une pratique intensive, bien que sans être de haut niveau. Notre section était d’un niveau juste en dessous des Pôles Espoir et nous avons remporté plusieurs fois le championnat de France des sections sportives. Ce parcours m'a profondément immergé dans le monde du sport. À la fin de mes études secondaires, bien que mes résultats scolaires étaient bons, je me sentais indécis quant à mon orientation. J'ai alors décidé de m'engager dans le domaine du sport. Les premières années de mes études en STAPS m'ont captivé, et j'ai trouvé particulièrement stimulante la recherche en sport, surtout lorsqu'elle se concentrait sur la performance. J'ai trouvé fascinant de pouvoir relier des aspects de ma pratique sportive personnelle à la recherche académique.
Je continue à jouer au handball. Ces trois dernières années, j'ai évolué en tant que Sportif de Haut Niveau (SHN), jouant en Nationale 1. Récemment, j'ai rejoint l'équipe de Saint-Égrève, évoluant ainsi dans un niveau légèrement inférieur. Bien que je continue à jouer, j'ai dû réduire un peu le rythme. À Saint-Égrève, je m'entraîne trois fois par semaine. En plus, je réalise souvent trois séances de musculation et une séance de course de mon côté.
Quel est ton sujet de thèse ? Qui sont tes encadrants ? Quels sont tes objectifs et as-tu déjà des résultats ?
Le sujet de ma thèse s’intitule « Caractérisation des déterminants psychosociaux du stress, des émotions et de la performance en contexte de pratique sportive intensive : le rôle des relations interpersonnelles » J'ai débuté le 1ᵉʳ octobre sous la direction de David Trouilloud du Laboratoire SENS et Aurélie Campagne du LPNC.
Nos objectifs sont multiples. Pour l'instant, nous nous concentrons sur les adolescents athlètes évoluant dans des structures de formation, afin d'explorer les liens entre divers facteurs de stress, que nous appelons stresseurs. Ces stresseurs se divisent généralement en trois catégories principales :
- Les stresseurs compétitifs, qui incluent toute source de stress liée à la compétition, comme la peur de se blesser ou de ne pas atteindre les attentes de performance.
- Les stresseurs organisationnels, qui découlent du fonctionnement de l'organisation sportive, tels que les contraintes de déplacement, d'alimentation, financières, ou encore l'atmosphère au sein de l'équipe.
- Les stresseurs personnels, plus difficiles à quantifier car ils englobent une gamme variée d'événements de la vie personnelle, positifs ou négatifs, tels que les ruptures, les mariages ou les naissances.
Méthodes et Premiers Résultats
Nous cherchons à comprendre quels stresseurs préoccupent les athlètes et à évaluer leur niveau de stress. Nos premiers résultats montrent que les stresseurs liés aux objectifs et au développement de la carrière sportive sont parmi les plus préoccupants pour les athlètes. Nous n'avons pas encore établi de corrélation avec leur niveau de stress ou d'émotions négatives, mais ces stresseurs semblent particulièrement prédominants.
Nous nous concentrons principalement sur les adolescents pratiquant intensivement le sport dans des structures comme les pôles espoirs, car ils appartiennent souvent à plusieurs organisations simultanément, comme leur club, leur structure de formation et leur lycée. Actuellement, notre étude se concentre sur les athlètes affiliés au FCG Rugby de Grenoble.
Focus sur les Stresseurs Organisationnels
Les stresseurs organisationnels auxquels les athlètes sont le plus confrontés semblent être les objectifs sportifs fixés par eux-mêmes ou par leurs entraîneurs et le développement de leur carrière sportive. Un autre aspect important concerne le processus de sélection, notamment pour les équipes nationales.
Nos premiers résultats indiquent que ces stresseurs organisationnels tendent à diminuer au fil de la saison. En début de saison, les préoccupations liées à l'organisation sont plus marquées, probablement en raison de la mise en place de nouveaux processus et de l'adaptation des équipes à de nouveaux membres. Cette diminution progressive des préoccupations parais cohérente avec l'établissement d'une dynamique de fonctionnement plus stable au sein des structures sportives.
Partenariat et Échantillon
Nous avons établi un partenariat exclusivement avec le FCG , ce qui nous a permis de recruter des athlètes de rugby pour constituer un échantillon relativement large, composé d'environ 100 à 110 participants. Parmi eux, une trentaine sont membres de l'Académie et environ 82 sont en section sportive. Cette diversité nous offre déjà un échantillon conséquent, ce qui rend l'organisation des passations assez complexe, mais nous nous organisons bien avec le manager des structures.
Nous sommes actuellement à la recherche de partenaires dans la région et en France pour élargir notre échantillon et explorer davantage ces problématiques.
Méthodes de Collecte des Données
Nous avons opté pour des questionnaires papier pour garantir la qualité des réponses. Le questionnaire actuel est divisé en plusieurs sections : la première mesure les états émotionnels des athlètes, tandis que les suivantes portent sur différents stresseurs, notamment les stresseurs organisationnels. Ensuite, nous évaluons le soutien fourni par les entraîneurs, les coéquipiers et les parents, afin de mesurer la qualité des relations interpersonnelles. Jusqu'à présent, j'ai mené trois mesures auprès des athlètes, à intervalles de deux mois, et la quatrième mesure est prévue prochainement.
Nous envisageons de nous orienter aussi vers des questionnaires en ligne, partagé par les entraîneurs ou les staffs des structures sportives à leurs athlètes, afin de garantir la confidentialité des données. Nous pourrions également partager directement le questionnaire avec les athlètes, bien que cela puisse réduire leur taux de participation.
Objectifs à Long Terme
À terme, notre objectif est de proposer aux athlètes une intervention visant à les aider à gérer les stresseurs auxquels ils peuvent faire face. Cette intervention pourrait aider les athlètes à gérer des stresseurs spécifiques, tels que le processus de sélection, ou à améliorer leurs relations interpersonnelles avec leurs coéquipiers et leurs entraîneurs. Nous envisageons également d'intervenir auprès des entraîneurs pour les aider à mieux soutenir les athlètes dans leur développement personnel et sportif.
Cependant, les détails de cette intervention restent à définir, et nous prévoyons de le faire dans notre troisième année de thèse. Pour l'instant, nous menons des études pour déterminer quelles stratégies seraient les plus pertinentes, que ce soit en agissant sur les athlètes eux-mêmes, sur les entraîneurs ou sur les relations interpersonnelles. Une fois que nous aurons identifié les meilleures approches, nous pourrons mettre en place notre intervention dans le but d'aider les athlètes à mieux gérer leur stress et à améliorer leur bien-être global.
Pourquoi avoir choisi de faire une thèse ?
J'ai choisi de faire une thèse parce que j'ai toujours été passionné par la recherche. Dès mes premières années d'études, j'étais fasciné par la possibilité d'explorer des sujets en profondeur et de contribuer à l'avancement des connaissances. Mes professeurs m'ont encouragé dans cette voie, et c'est devenu une évidence pour moi.
Quels sont tes objectifs à long terme une fois tes études terminées ? Comment envisages-tu l’avenir ?
Il est difficile de répondre précisément à la question de mes objectifs à long terme après ma thèse. La voie logique pourrait être de poursuivre avec des post-docs ou des postes d'ATER, puis de passer le la qualification de maître de conférences pour obtenir un poste universitaire. Cependant, je ne suis pas encore sûr de vouloir suivre ce chemin. Je suis en pleine réflexion sur mes aspirations professionnelles. Au départ, l'enseignement ne m'attirait pas du tout et j'étais un peu réticent à donner des cours. Cette année, j'ai commencé à apprécier l'enseignement, mais je continue de me questionner si c'est vraiment ce que je veux faire à long terme.
Une autre voie qui m'intéresse est le développement d'outils pour le suivi mental des athlètes. L'accompagnement mental dans les clubs existe, mais le suivi mental est encore peu développé comparé à la préparation physique. Je pense qu'il y a un réel potentiel à créer des systèmes de suivi mental pour les athlètes, et cela pourrait représenter une opportunité professionnelle intéressante.
Un conseil pour les étudiants qui souhaiteraient s’engager dans la même voie ?
Pour réussir en STAPS et se construire un avenir professionnel dans ce domaine, il est crucial de prendre en main ses études et de ne pas se laisser porter par l'accompagnement fourni par les cours numériques, surtout à Grenoble où les cours sont accessibles en ligne. Il faut vraiment être proactif et réfléchir à l'importance de certaines matières pour son projet professionnel. Ces matières peuvent soit directement servir à un projet, soit aider à en construire un.
Ne pas hésiter à aller voir les professeurs est également essentiel. Ils sont des mines d’informations. La quantité de cours en STAPS est relativement faible par rapport à d'autres licences, ce qui laisse aux étudiants le temps de pratiquer un sport à côté, parfois même à haut niveau. Cela permet également de s'intéresser à de nombreux sujets et d'approfondir les cours.
Donc, mes conseils seraient les suivants :
- Ne pas se contenter de suivre les cours : prendre en main son projet professionnel.
- Discutez avec les professeurs et intervenants pour obtenir des conseils et des orientations supplémentaires.
- Cherchez des ressources complémentaires en plus des cours. Aujourd'hui, avec les réseaux sociaux et Internet, il existe une multitude de ressources de qualité à portée de main.
Parcours
2018 - 2021 : Licence Management du Sport à l'Université de Grenoble Alpes
2022 - 2023 : Master STAPS mention Ingénierie et Science du Mouvement Humain à l'Université de Grenoble Alpes
Depuis octobre 2023 : Doctorant au laboratoire SENS et LPNC
Contact
Valentin Duvert Chenebert valentin.duvert-chenebert@univ-grenoble-alpes.fr