Quand la faim justifie les moyens : le cannibalisme de survie

Publié par Léa Lahmar, le 9 mars 2020   5.5k

Et si demain, nous nous réveillions avec un morceau de cuisse de notre collège de travail pour le déjeuner … Un scénario, vous me direz, digne d'une comédie. Pourtant, au temps des grandes famines, se nourrir de restes Humain n'était pas rare. Bien loin des coutumes de certains peuples comme les Tupi-Guarini d'Amazonie ou des tribus préhistoriques, parfois l'anthropophagie a rimé avec survie.

Le 13 octobre 1972, l'avion qui était censé relier Montevideo à Santiago s'est écrasé dans la cordière des Andes à plus de 3600 m d'altitude. Seize des quarante-cinq passagers ont survécu en avouant avoir mangé ceux qui étaient décédés.

Que pouvons-nous tirer de ce phénomène ?

La nourriture étant prédominante dans les sociétés industrialisées, il est difficile pour nous aujourd'hui de s'imaginer pouvoir manger un confrère. Néanmoins, une population entière en période de famine, confrontée à une faim persistante et douloureuse, est prête à tout pour se nourrir. Ce type d'actes de cannibalisme se réfère à l'instinct de survie, et cela quelque soit l'époque.

En effet, on recense de nombreux cas d’anthropophagie au XXème, pour les moins surprenants. Lors de la grande famine en Ukraine de 1933, préméditée par les Bolcheviques Russes, une mère a expliqué à ses enfants comment la manger après sa mort.

En tant de guerre, les actes de cannibalisme de plus en plus courants poussèrent les autorités à créer de nouvelles catégories de crimes. Par exemple durant le siège de Leningrad (1941 à 1944) provoquant des épisodes de famine, la police Russe condamna les « meurtres pour consommation de viande humaine ».

En chine durant « les trois années de catastrophes naturelles » (1958 à 1961) environ 45 millions de personnes succombèrent à la faim. En raison d'erreurs politiques principalement, une grande famine éclata poussant certaines familles à sacrifier leur propre progéniture pour survivre. Autant d'exemples qui poussent à voir l'anthropophagie au delà de simples rites.

Pendant longtemps, les peuples occidentaux ont considérées le cannibalisme comme un acte sauvage et barbare. Une vision qui découle de l'époque coloniale quand les grands colonisateurs rencontrèrent les peuples qui avaient recours à l'anthropophagie. Des colons qui voulaient probablement justifier leur démarche et dénigrer le peuple conquis.

Moins anecdotiques qu'ils puissent paraître, ces différents cas de cannibalisme de survie poussent à remettre en question les stéréotypes prêtés par les colons aux peuples dit « primitifs ». Bien qu'il existe des cas historiques de cannibalisme sordides, cette pratique dépasse les frontières des anciens rituels ou de distorsions d'esprits.

LAHMAR Léa


crédit photo : Craig Sunter