Workshop FIBRA #7 - Fibres sculptées dans la masse

Publié par Echosciences Grenoble, le 28 janvier 2020   2k

La paille, en tant que matière, était dans notre imaginaire associée à la nutrition animale et liée aux grains de céréales ; une matière qu’on travaille uniquement pour des utilisations limitées et non une matière qui pouvait nous servir dans nos projets de design.

A travers ce workshop, la paille nous a ouvert des portes de recherche et de pratique tout en nous poussant à analyser ses atouts et ses points faibles. Le travail en masse et l'effet visuel qu'offre cette matière lorsqu'elle est empilée permet un beau contraste couleur/texture.


D'un volume à une surface

Dans ce workshop, nous avons souhaité passer d'un grand volume en paille (une masse naturelle, chaotique et intense) à une surface lisse, faite de la même matière, afin de montrer qu'on peut travailler la paille selon plusieurs techniques, pour des résultats différents et ce, malgré un manque de souplesse par rapport aux autres fibres.

Notre travail s'inspirait de l’architecture de la chaume (travail de masse). C'est ce qui nous a poussés à rêver encore plus, et à penser cet objet non seulement comme une abstraction réalisée avec une fibre pour exprimer un sujet ou une technique, mais aussi comme un objet de design qui a plusieurs utilités.

Inspiration toitures

Le workshop a débuté par la rencontre de professionnels dans le domaine des fibres végétales. Après avoir découvert les réalisations d'un artisan vannier, nous sommes passés directement à la pratique, avec le choix de notre thématique : le travail sur l’architecture en chaume et l'effet de masse. Notre équipe est composée de trois étudiants en design qui ont une posture d’architecture : Safouane El Ghoul, Abdelmonaim Bendjeddah et Abdelhak Goumidi.

Avant toute chose, il fallait déterminer la matière à travailler. Nous avions le choix entre la paille et le roseau. Après avoir travaillé un après-midi sur la matière de la paille, il nous apparaissait évident que nous pouvions réaliser de beaux travaux. En fin de journée, nous avions déjà une idée de la réalisation de notre produit. En rentrant chez nous, le soir, chaque membre du groupe a creusé ses recherches sur la matière et sur les références qui pouvaient nous aider à l’élaboration de notre projet.

Le lendemain, en arrivant à l'atelier, nous avons échangé autour des résultats de nos recherches de la veille, à propos de la matière et des différents techniques à employer pour la maîtriser.


De l'inspiration, au plan d'action

Notre intention initiale était de concevoir un produit en modelant et en additionnant plusieurs échantillons de masses de paille. Nous souhaitions suivre la même logique de construction en roseaux que les fameuses toitures en chaumes normandes. Les images dont nous nous sommes inspirés provenaient d’une "sitographie" de travaux de design, autour du travail en roseaux, de la phase de récolte à la phase de découpe, au rassemblement jusqu'au travail de finition. Nous avons estimé la charge de travail pour l'élaboration de nos échantillons afin de répartir cette tâche sur nous trois.


Ensuite, nous avons préparé une sorte de rail en bois semblable à ceux qu'on trouve dans les toitures en chaume. Nous avons souhaité réaliser trois strates de bottes de tiges, de plusieurs tailles, la dernière étant la plus grosse (2 mètres). Le premier obstacle était évidemment de couper la paille. Dès que nous avons commencé, nous nous sommes heurtés à la difficulté de maîtriser cette matière. En effet, alors qu'il est facile de travailler les tiges séparément, notre thématique nous contraignait à travailler en masse, contrairement aux autres groupes du workshop. Nous nous sommes donc rendus compte qu'il nous serait compliqué d'attaquer notre première idée car cela aurait nécessité un travail bien fini et une maîtrise de la matière que nous n'avions pas. Le groupe a ainsi décidé de choisir un autre angle d'attaque : rester sur l'effet de masse en s'affranchissant du modèle des toitures.


Changement de plan

A partir de ce jour-là, nous avons retravaillé nos idées initiales et choisi d'exprimer un passage entre deux textures avec la même matière, la paille, tout en gardant l'effet de masse. Nous avons coupé la paille en plusieurs bottes de la même hauteur, que nous avons regroupées en petits brins. L'ensemble restait toujours difficile à maîtriser, aussi nous avons envisagé la solution de mouiller la paille pour la rendre plus maniable.

Ensuite, à partir de ces petits brins, nous avons créé des nœuds bien serrés, eux-mêmes fixés autour des traverses du bois, à leur tour fixées sur le cadre (chaque traverse contenant à peu près vingt nœuds en paille). L’empilement des traverses les unes sur les autres a permis d'obtenir deux sortes de textures : une partie avec la paille restée à l'état sauvage et l’autre partie avec la paille lissée.

// Ce projet porté par l’ENSAG et, en partenariat avec amàco, le DPEA Design pour l’architecture et l’innovation, La Casemate et les Grands Ateliers reçoit le soutien de l’IDEX Université Grenoble Alpes.