Animaux & Cie

Publié par Maïa Sallier, le 23 juin 2021   3.2k

Dans cette nouvelle émission du Magazine des sciences, découvrez un bestiaire des Alpes et d’autres espèces farfelues, du gypaète barbu des Alpes, jusqu'au blob dans l'espace avec Thomas Pesquet ! 

Au programme de cette émission “Animaux & Cie”, vous entendrez tout d’abord une chronique de Galanne qui va vous présenter le gypaète barbu, un des grands rapaces des Alpes. Ensuite, vous serez immergé le temps du reportage de Maïa dans les couloirs du Muséum de Grenoble, qui regorge d’espèces naturalisées en tout genre. Enfin, vous allez entendre parler d’un être vivant assez étonnant, ni animal, ni végétal, ni champignon : Le blob. Effectivement, Bénédicte Applagnat-Tartet, professeure de SVT au lycée Sainte Marie de la Verpillière va nous parler du projet #ElèveTonBlob, en collaboration avec le CNES, Centre National d’Etudes Spatiales, le CNRS, Centre National de la Recherche Scientifique et Thomas Pesquet, notre chère astronaute français actuellement à bord de la station spatiale internationale.
 

Pour réécouter l'émission "Animaux et Cie" diffusée le 23 juin 2021 sur les ondes de RCF Isère, c'est juste ici ⬇

Une émission réalisée par Maïa Sallier et présentée par Nicolas Boutry

La chronique de Galanne : Le gypaète barbu

Et pour commencer ce mag des Sciences Galanne, vous nous emmenez donc à la découverte d'un oiseau de notre région. 

Et oui Nicolas ! Et si je vous dis: “Très grand rapace”, à quoi pensez- vous en premier Nicolas ?

À un aigle ?

Et bien, c’est ce que répond la grande majorité des gens. Et pourtant aujourd’hui ce n’est pas d’aigle dont je vais vous parler mais du gypaète barbu. Peu de gens le savent mais le gypaète est l’un des plus grands rapaces d’Europe. Bien plus grand qu’un aigle, il peut mesurer jusqu’à 3m d'envergure! Cette grande surface alaire lui est très utile pour planer ! Grâce à cela, il peut parcourir une quinzaine de km!

Mais alors pourquoi Galanne est-ce qu'on l'appelle “barbu” ?

Tout simplement car sous son bec, on a l’impression qu’il possède une barbe noire. En réalité c’est une touffe de plume dont on ignore encore l’utilité. Dans le ciel, on peut le reconnaitre aussi à sa queue en losange et son ventre blanchâtre teinté de roux orangé, qui contraste avec le noir de ses ailes et de la queue. Une autre caractéristique du gypaète, c’est ses yeux cerclés de rouge. Mais malheureusement son physique lui a valu d’être persécuté pendant longtemps. Nos ancêtres ont en effet prêté au Gypaète des pouvoirs démoniaques😈. Pour eux, ce cercle rouge autour de l’œil était le signe du démon et son poitrail dégoulinant était la preuve qu’il se baignait dans le sang de ses victimes. Ils le considéraient comme une bête féroce, sans fierté ni courage représentant un danger pour les troupeaux et l’Homme ! Pourtant le régime alimentaire de ce grand rapace est bien différent.

  Ok mais qu’est-ce qu’il mange ?

Il se nourrit essentiellement d’os🦴provenant de carcasses d’ongulés sauvages et domestiques. Et il passe après les autres charognards. Ce qui lui vaut d’ailleurs le surnom de “nettoyeur des alpages”. Et ce statut de nettoyeur joue un rôle écologique important. En éliminant les cadavres il prévient des épidémies et des parasites et protège les cours d’eau de la pollution liée à la décomposition. Et quand un os est trop gros, il le saisit entre ses serres ou dans son bec, s’envole et le lâche au-dessus d’un pierrier. L’os est alors brisé en plus petit morceau que le gypaète peut avaler. C’est pour cette raison qu’on le surnomme aussi souvent le "casseur d’os”.

Malheureusement, comme je l’ai déjà dit, nos ancêtres ont décidé de le rayer de la carte des Alpes à coup de fusil, d’empoisonnement et d’enlèvement des œufs et poussins au nid. Son extermination a duré jusque dans les années 20. Ce n'est que dans les années 1970 que l’idée de réintroduire le Gypaète dans les Alpes a ré-émergé. Elle a d’abord commencé en Autriche en 1986. Puis en France où le premier site de réintroduction a vu le jour en 1987, sur la commune du Reposoir en Haute-Savoie. Et depuis 2010, le parc naturel régional du Vercors accueille lui aussi un site de réintroduction.

Donc lors d’une prochaine sortie en montagne, n’oubliez pas de lever les yeux ! Vous y apercevrez peut être notre ami le gypaète.

On y manquera pas en effet ! Voilà, pourquoi pas aller dans le Vercors à la recherche du gypaète barbu. Et pour en savoir plus sur ce grand rapace, on peut aller sur le site internet de la LPO Auvergne Rhône Alpes. Merci beaucoup Galanne ! 

Merci Nicolas ! 

Le reportage de Maïa : Muséum de Grenoble 

C’est en compagnie de Pierre Bagnaud, régisseur et préparateur des collections du Muséum, que j’ai redécouvert les espaces permanents du musée, qui accueille de nouveaux ses visiteurs depuis le 19 mai dernier.

Première étape de la visite : la grande salle “Montagne vivante”, qui regorge plusieurs spécimens de mammifères régionaux et d’oiseaux.

Au milieu des 16 dioramas exposés, vitrines où sont mis en scène les animaux naturalisés dans leur vie quotidienne en forêt, vous pourrez tenter de le retrouver au milieu des autres oiseaux, le fameux gypaète barbu de la chronique de Galanne. Pierre nous en dit quelques mots.

Aujourd'hui, en France, côté Alpes, on compte à peu près 7 couples reproducteurs. L'estimation haute d'individus dans tout l'arc alpin en 2018 était de l'ordre de 376 individus. Il y a des programmes de réintroduction qui ont lieu un peu partout en Europe et principalement dans les Alpes. Il est bien sûr protégé au niveau national, mais aussi au niveau européen et international, avec les différentes directives et conventions. Un de nos deux spécimens exposés provient de Sardaigne, et les deux proviendraient d'une collection datant d'avant 1935. Ils sont protégés par la loi musée de France, on ne peut pas faire n'importe quoi dessus. 

Là par exemple, une Rémora, qui a inspiré le Pokémon Remoraid, qui a à peu près la même forme, la sorte de ventouse au-dessus de la tête.

On a aussi une belle tortue serpentine, en squelette. C'est une tortue qui est considérée comme dangereuse, de part la taille et la force de sa mâchoire, ainsi que sa bouche assez coupante. On en trouve de temps en temps dans quelques étangs en France, lorsqu'elles sont relâchées par des particuliers. Cela reste cependant super rare.

Direction maintenant une salle au sol en damier noir et rouge.

Là on est dans la salle de l'échiquier. C'est la salle dans laquelle on expose les animaux soit disparus, soit en danger critique d'extinction. Là par exemple, on a la tortue géante d'Aldabra qui provient des îles autour de Madagascar. On s'est rendu compte il y a quelques années qu'elle pouvait nager et parcourir des longues distances entre les différentes îles. C'est une des plus grosses tortue terrestre actuelle.

Autre salle, autre ambiance, c’est dans la pénombre que vous pourrez découvrir les mystérieux cristaux du Musée.

Quand on entre dans la salle cristal symphonie, on arrive directement devant des minéraux qui sont impressionnants soit par leur taille soit par leur couleur. On en a des très intéressants sous lumière ultraviolette, qui sont fluorescents.

Suite de la visite à l’étage avec la salle Carnaval des insectes, qui regorge d’espèces étonnantes.

On peut voir un spécimen d'amblypyge exposé à côté d'un uropyge. Ce sont deux arachnides qui sont assez proches. Pour la petite anecdote, vous connaissez Harry Potter ? Endoloris !

Pour cette fin de visite, direction le rez-de-chaussée dans une ambiance bien plus mystique, la salle parole de terre. 

Cette salle est dédiée à la paléontologie. On peut voir un grand nombre de spécimens fossilisés. Cela va de l'ichtyosaure au trilobite, en passant par toute la faune qu'on a pu retrouver du passé.

On peut voir plusieurs œufs de dinosaure, en particulier des œufs d'oviraptor. Ovis, c'est l'œuf, et raptor, attraper et voler. On retrouvait des dinosaure morts à côté des nids, on pensait qu'ils volaient les œufs des autres dinosaures. On s'est aperçu que c'était leurs propres œufs et qu'ils couvaient leurs nids.

Si vous avez envie de voir des œufs de dinosaure de vos propres yeux, vous pourrez venir découvrir ou redécouvrir le Muséum cet été, avec une programmation spéciale pour les petits et les grands curieux, qui sera prochainement disponible sur le site internet du Muséum de Grenoble. 

L'interview de Bénédicte Applagnat-Tartet, professeur de SVT au lycée Sainte Marie de la Verpillière : Projet #ElèveTonBlob, en collaboration avec le CNES, le CNRS, et Thomas Pesquet, notre chère astronaute français actuellement à bord de la station spatiale internationale.

Présentation du projet #ElèveTonBlob

Zoom sur le blob, une "bête incroyable" !

De son nom scientifique Physarum polycephalum, le blob est un être vivant assez étrange faisant partie du groupe des amibozoaires. Il n'est pas pour autant un champignon. Ni animal, ni plante, le blob est une cellule unique, géante, comportant des milliers de noyaux dans son cytoplasme. Vieux de 500 millions d'années, le blob a peu évolué depuis. La recherche fondamentale se penche sur cet être jaune vif et visqueux pour ses propriétés incroyables, dues à des interactions moléculaires : 

  •  Le blob est une cellule capable de se régénérer : quand on la coupe, le cytoplasme coagule et la membrane cicatrise et les bouts reforment un individu.
  • Les blobs s'adaptent à leur environnement et peuvent s'habituer aux molécules environnementales non appréciées au départ. On parle d'habituation, il s'agit d'une forme d'apprentissage rudimentaire. 
  • Les blobs fusionnent entre eux et se transmettent des informations issues de leur apprentissage.
  • Les blobs résolvent des labyrinthes complexes : ils sortent par le chemin le plus court d'un labyrinthe !

Le but du projet #ElèveTonBlob : Mesurer les effets de l’apesanteur sur le développement du blob

C'est une chance extraordinaire, un projet d'ampleur, un projet unique, qui va être, j'en suis sûre motivant pour les élèves, et ludique en même temps. Ce sera l'occasion pour nous, professeurs de SVT de travailler sur un être vivant particulier. Cela va nous permettre de sortir des grenouilles, des cœurs de dinde, des levures, de la feuille d'élodée et de géranium. On va avoir un nouvel habitant dans nos laboratoires à partir du mois d'août.

Bénédicte Applagnat-Tartet


Un moyen de valoriser la science et provoquer des vocations scientifiques chez les lycéens

Le but c'est de leur montrer les étapes de la recherche fondamentale. Il y a peut-être des applications possibles qui seront envisageables par la suite. Le blob possède des capacités tellement étonnantes que le but est d'en comprendre les mécanismes, et peut-être que la compréhension de ses mécanismes nous permettra d'envisager des avancées scientifiques majeures, dans le domaine médical par exemple : Dans la découverte de nouveaux antibiotiques (le blob est un mangeur de bactéries) et dans la mise au point de traitements efficaces contre le cancer. En ce qui concerne le domaine de la bio-informatique, le blob est capable de résoudre des labyrinthe très complexes, ce qui permettra donc d'optimiser des réseaux. Dans le domaine de l'environnement, on peut imaginer qu'il aidera les scientifiques à dépolluer les sols et les eaux usées.

Bénédicte Applagnat-Tartet

Un projet prometteur pour l'éducation et la recherche donc ! On leur souhaite ainsi qu'à Thomas Pesquet de belles expérimentations sur Terre et en apesanteur ! 

Liens utiles : 

Un article rédigé par Maïa SALLIER, stagiaire en communication scientifique chez RCF Isère et réalisatrice du Magazine des sciences.