[PORTRAIT] Clarisse Faure : la biochimie a du pi(g)ment !

Publié par Sandy Aupetit, le 22 mars 2021   2.7k

Clarisse Faure, doctorante de 25 ans, est mordue de chimie. Originaire de La Rochelle, sa passion l’a conduite à s’installer à Grenoble il y a un peu plus de deux ans pour réaliser sa thèse au sein du Département de Chimie Moléculaire (DCM). Ses travaux de recherches se focalisent sur la modulation de la biosynthèse des pigments responsables de la coloration de la peau.

Une voie toute tracée vers la chimie

Clarisse Faure se découvre le goût pour la chimie dès le collège. Dotée d’un esprit vif et avide de découvrir de nouvelles choses, elle choisit de se laisser guider par sa passion tout au long de son parcours scolaire et universitaire.

 J’aime comprendre les phénomènes de la vie, ce qu’il se passe au niveau moléculaire

Après l’obtention de son baccalauréat scientifique, elle intègre une classe préparatoire intégrée à l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie à Rennes (ENSCR). Son intérêt particulier pour la synthèse organique la décide à poursuivre ensuite à l’Ecole Nationale Supérieure des Ingénieurs en Arts Chimique et Technologique (ENSIACET) à Toulouse où elle obtient son diplôme d’ingénieur.

Moduler la biosynthèse des pigments de la peau : des enjeux de santé

Lors de ses études d’ingénieur, Clarisse a pu effectuer un stage de recherche au laboratoire de chimie de l’université de Malte, où elle a étudié des réactions catalysées impliquées dans la synthèse organique. Durant sa dernière année, elle réalise également un semestre d’étude à la Technische Universität de Berlin, afin de se spécialiser en Biochimie. Deux expériences marquantes qui ont cultivé son intérêt pour la recherche : poursuivre en thèse est devenu une évidence ! Une opportunité la mène alors au Département de Chimie Moléculaire (DCM) de Grenoble où elle commence sa thèse en novembre 2018.

 Cette thèse s’applique à la santé, un domaine qui m’attire énormément. Grâce à la chimie, j’essaye de comprendre ce qui se passe dans le corps humain afin de créer des molécules capables d’améliorer ou restaurer des dérèglements

Elle travaille de manière conjointe au sein de deux équipes, nommées SITH (Spectroscopie Interaction Chimie théorique) et CIRE (Chimie Inorganique Redox). Son projet de recherche consiste à synthétiser des molécules qui réagiront avec une enzyme présente dans notre corps et qui est responsable de la pigmentation de la peau : la tyrosinase. Ces molécules synthétiques vont moduler l’enzyme : soit l’activer pour plus pigmenter la peau, soit l'inhiber afin de décolorer la peau. 

Clarisse travaille dans un premier temps avec un logiciel informatique pour réaliser des études de modélisations moléculaires, et simuler ainsi les interactions entre la tyrosinase et les molécules qu'elles souhaitent tester. Si ses simulations s'avèrent concluantes, elle passe alors derrière la paillasse, car la jeune doctorante a plusieurs cordes à son arc ! 

En plus de cet aspect théorique, Clarisse passe beaucoup de temps au laboratoire. En effet, elle doit corroborer expérimentalement ses projections théoriques. Pour cela, elle teste ses molécules sur des cellules de peau grâce à ses partenariats avec le CEA de Grenoble et l'Institut des Sciences Moléculaires de Marseille (ISM2). Clarisse apprécie particulièrement ces expériences car elles sont très visuelles et colorées ! Son objectif final est de tester ses molécules synthétiques sur des modèles de peau 3D, afin de visualiser directement leurs effets sur les tissus.

Ainsi, les enjeux derrières sa thèse sont importants : que ce soit en dermatologie avec les maladies de la peau (cancers, vitiligo), ou bien en cosmétique, avec par exemple le développement d'autobronzants ou de crèmes d’éclaircissement de la peau !

Une expérience humaine avant tout

Au-delà de la dimension scientifique, la thèse se révèle être pour Clarisse une véritable expérience humaine, marquée par un fort esprit d’équipe. Un élément qui lui est indispensable au quotidien.

  Être au contact d’autres personnes, c’est stimulant !

En effet, entre sortie ski et barbecue, une cohésion s’est formée au sein des doctorants du laboratoire. Malheureusement, la pandémie a entaché cette belle dynamique. Et les deux confinements sont également venus bouleverser ses recherches. En effet, avec le télétravail obligatoire, ses expériences étaient au point mort. Mais elle s’est adaptée, a persévéré et en a profité pour débuter la rédaction de sa thèse.

 Il faut prendre chaque bonne chose pour ne pas se laisser abattre lors des moments difficiles

Plus que quelques mois et son aventure de doctorante touchera à sa fin. Après sa thèse, Clarisse envisage deux options. Soit trouver un poste en recherche et développement dans le secteur privé, soit faire un Volontariat International en Entreprise (V.I.E) à l’étranger, pour une entreprise française. Dans tous les cas, une nouvelle aventure l’attend !

Article rédigé par Juliette Schnoebelen et Kaoutar El Mahboub



Cet article a été rédigé par les étudiants de licence suivant l'enseignement transversal "Sciences, journalisme et réseaux sociaux" proposé à l'Université Grenoble Alpes (UGA). Cet enseignement est encadré par Sandy Aupetit, chargée de médiation scientifique à l'UGA et Marion Sabourdy, chargée des nouveaux médias à La Casemate. Suivez l'actualité de l'ETC sur Twitter !