Maraîchage aérien à Grenoble

Les faits sont là : la plus grande ville française ne survit que trois jours si les camions qui la nourrissent tombent à court de pétrole, et la qualité de notre alimentation est remise en question par les scandales sanitaires qui éclatent régulièrement.

En réponse à cette insécurité alimentaire, on voit émerger en ville des projets de production végétale comestible : jardins partagés, serres productives sur les toits, jardinage guerilla...

C'est de cet univers que pousse le toit-potager dans différents endroits très peuplés sur la planète : au Canada, aux Etats-Unis mais aussi en France et notamment à Grenoble.

La pression foncière grandissante rend aujourd'hui difficile l'accès aux terrains cultivables au niveau du sol, et les cultures potagères suivent la piste des plantes grimpantes pour s'établir sur les espaces perdus que représentent les toits. Déjà investis par les installations de panneaux photovoltaïque permettant la production locale d'électricité, les toits plats sont une opportunité pour re-localiser la production potagère tout en traçant sa qualité. Et même de développer un type d'agriculture spécialement adapté aux petites surfaces, en bénéficiant des apports récentes des initiatives agriculturelles comme la micro-agriculture bio-intensive ou la permaculture. Et pour rester cohérent, tout ça est distribué en circuit court : culture personnelle, paniers paysans...

Un toit-potager pousse aussi à la Casemate, le Centre de Culture Scientifique, Technique et Industrielle à Grenoble. Après une première saison plantée tardivement sur la petite surface qu'on voit sur la photo (mais qui a quand même permis quelques gros plats collectifs) Cultivons nos toits augmente sa surface de production pour mettre les 2/3 du toit en culture : 300 m².

Avec cette surface à notre disposition, nous avons de l'espace pour diversifier les modules de culture : bac en bois, bacsac, murs jardins et bioponie. Ces techniques de culture sont relativement nouvelles car elles sont adaptées à l'environnement particulier où le potager s'implante, et les cultivateurs de toits ont dû faire preuve d'imagination et d'inventivité pour faire germer le béton et le gravier. Nous pourrons ainsi comparer les techniques de culture pour pouvoir les améliorer la saison suivante, mais surtout de concevoir un espace cultivé en profitant de cette diversité pour protéger au mieux les plantes trop exposées au soleil et exploiter les différences de hauteur pour l'irrigation gravitaire. Le tout bien sûr cultivé selon les principes de l'agriculture écologique et de la permaculture.

L'objectif assumé est d'atteindre la tonne de production en 2017

Cette production n'est pas comparable avec celle d'un maraîcher car son espace cultivé est beaucoup plus important. En revanche, on trouve facilement 300 m² de toiture plate, il suffira donc de reproduire cette installation sur les bâtiments capables de les accueillir. Et commencer ainsi à augmenter le volume de production et distribution potagère ultra-locale. Et in fine, améliorer la résilience alimentaire grenobloise.

Bon, produire des légumes en ville d'accord, mais précisément ? Pour qui ? Combien de personnes ? Concrêtement, on va en faire quoi ?

Production locale, distribution locale, nous avons choisi le système des paniers paysans, et pour renforcer notre action sociale, nous souhaitons à terme alimenter le dispositif des paniers solidaires. Leurs tarifs sont adaptés aux revenus des consommateurs, et permettent aux foyer à faibles revenus de bénéficier de produits sains et locaux. A Grenoble, c'est l'association Episol qui organise la distribution des paniers, dont une part du financement est assuré par la mairie.

Notre objectif sur le toit, la tonne de production, est un premier pallier mais ne permettra pas d'alimenter un nombre significatif de paniers : il faudra voir pousser d'autres toit-potagers à Grenoble, ce qui ne manquera pas d'arriver. Pour cette saison, nous réservons donc notre production pour l'utiliser de deux façons :

Pour les contreparties : vous pourrez être parmi les premiers consommateurs de légumes perchés, juste retour des choses !

Pour des ateliers de transformation culinaire, afin de suivre le fil de la graine à l'assiette. C'est l'occasion pour tous d'apprendre à mieux manger, plus sainement et plus écologiquement, et permettre à tous d'expérimenter la cuisine de saison, les pratiques de conservations, de cuisson solaire, d'utilisation des déchets de cuisine. Ces ateliers seront organisés en partenariat avec la Mixture et Episol dans les centres sociaux de Grenoble, et s'inscrivent dans la démarche de sensibilisation et d'expérimentation portée par Cultivons nos toits

Plan d'action

Du 6 au 12 février : chantier participatif de construction des bacs de culture co-encadré par l'association Entropie et Cultivons nos toits

Fin février : chantier participatif de construction de bacs de culture à partir de matériaux de récupération

Début Mars : installation du Mur Jardin

Mi-mars : installation du système d'irrigation

Fin Mars : plantation

Juin : premières récoltes, début des ateliers de transformation culinaire et des envois de paniers-contreparties

Fin septembre : fin de la saison, c'est l'heure du bilan !

Cette page sera régulièrement mise à jour avec les avancées de l'aménagement du toit, mais vous pouvez aussi suivre l'évolution sur notre page Facebook