Climat VR : les chercheurs grenoblois parlent du Climat

Publié par Marguerite Pometko, le 22 juin 2016   2.9k

La question du réchauffement climatique n’est pas que l’affaire des climatologues. Le défi qui s’impose à nos sociétés nécessite de mobiliser des spécialistes de divers domaines, ainsi que les membres de la société civile. Ainsi, dans une démarche d’interdisciplinarité, La Casemate est allée à la rencontre de plusieurs chercheurs locaux pour l’exposition Climat VR qui se tient jusqu'au 1er janvier 2017. Voilà deux de ces interviews : qu’est-ce que les linguistes et économistes ont à dire sur le climat?

Spécialisée en analyse du discours, Elodie Vargas est linguiste enseignant-chercheur à l’Université Grenoble-Alpes. Elle travaille avec les climatologues en analysant leurs discours et en leur donnant les clefs pour rendre leur communication moins ambigüe et mieux vulgarisée. Elle se penche sur la façon dont le discours des médias est accueilli par le public : Est-il lacunaire ? Anxiogène ? Elle donne au public les outils pour déceler le Greenwashing, ou éco-blanchiment en français. Cette technique de marketing est employée par les grandes multinationales polluantes pour « enverdir » leur image. Elles dépensent de grandes quantités d’argent pour des publicités vantant l’engagement écologique de la boîte, ces sommes dépassant en général la quantité réellement dépensée pour l’environnement. L’enjeu pour Elodie Vargas est de débusquer au niveau discursif comment est fait le Greenwashing pour donner au citoyen les outils de décodage afin qu’il se dise : « là on est en train de me raconter quelque chose qui n’est pas vrai. »

Professeur CNRS – Université Grenoble-Alpes au sein du Laboratoire PACTE, Patrick Criqui est spécialiste des modèles économiques liés aux énergies. On consommerait aujourd’hui dans le monde un total de 12 Milliards de tonnes équivalent pétrole, dont 80% constitués d’énergies fossiles. Le PIB étant grandement corrélé à la consommation énergétique et les ressources fossiles venant à manquer, tout programme de politique économique devrait s’orienter vers un système énergétique décarboné.

Descriptif : l’évolution du PIB depuis 1961 suit en grande partie l’évolution de l’énergie consommée (énergie nécessaire à la transformation de bien finis[1])


Les émissions de Co2 liées à la consommation d’énergies fossiles sont difficiles à chiffrer, mais la comparaison d’un scénario sans réduction de gaz à effet de serre et avec, permet d’orienter les choix politiques. Ainsi, les modèles économiques servent à explorer les futurs pour construire des politiques. Pour contrer le changement climatique, deux types de politiques peuvent être mises en œuvre. D’une part l’atténuation agit sur la source en réduisant les gaz à effets de serre : mesures d’efficacité énergétique pour optimiser la consommation, développement des renouvelables, nucléaire pour les sociétés qui en souhaitent encore. L’adaptation, elle, consiste en des mesures nous rendant moins vulnérables face aux effets du changement climatique (ériger des berges contre la montée des eaux par exemple). Même si les politiques d’adaptation sont devenues indispensables aujourd’hui, celles-ci ne doivent pas servir de prétexte à minimiser des actions d’atténuation.


[1] The Shift Project, « Lien PIB/Consommation d’énergie », http://theshiftproject.org/fr/cette-page/lien-pibconsommation-denergie