Imagine ton glacier II – Jour 2 - dessiner le monde et s'immerger
Publié par Association Névé, le 1 septembre 2025
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Cette deuxième journée est l’occasion de continuer à se familiariser avec l’environnement de la montagne, et surtout de se rapprocher des glaciers situés autour du Grand Pic de la Meije au dessus du village de la Grave. Alice, carnettiste, nous y rejoint et s’intègre bien au groupe de jeunes.
En chemin vers les sommets
Nos jeunes ont bien marché la veille. Cette journée au dénivelé modeste devrait être une formalité. Tout le monde mange bien au petit déjeuner. Certains mangent encore beaucoup plus que d’autres. A croire que le manque d’oxygène excite les besoins primaires. Tout se passe bien au cours de ce transfert entre le refuge de l’Alpe de Villar d’Arêne que nous quittons et La Grave. Une partie se fait à pied, une autre en navette. L’année prochaine, nous trouverons le moyen de tout faire en transports en commun, mais il faut avouer que ce n’est pas toujours facile d’être cohérent à 100%, même avec la plus grosse motivation du monde.
L’arrivée à La Grave est l’occasion de découvrir le transport qui nous permettra d’aller toucher les glaciers lors du jour suivant. Pour le moment, il s’agit déjà de surmonter son vertige et sa peur du vide. Le téléphérique est en fait constitué de series de 4 cabines groupées qui peuvent chacune accueillir 6 personnes. Rien à voir avec les gros téléphériques des stations de ski avoisinantes que sont les Deux Alpes ou encore l’Alpe d’Huez. Charmant mais aussi un peu effrayant, bien que tout se passe sans encombre.
Une nouvelle venue dans le groupe
Alice exerce le métier de carnettiste. Elle dessine et écrit des moments de vie sur ses carnets, pour ensuite en faire de superbes témoignages qui constituent alors une sorte de banque de souvenirs. Alice nous rejoint à la Grave, et tout de suite elle croque ses premières esquisses au contact des jeunes.

Alice et ses carnets encore vides nous rejoignent au départ du téléphérique des Glaciers de la Meije.
Il est midi, et nous nous installons devant la gare intermédiaire à 2400 m d’altitude pour casser la croute. Tout le monde s’amuse bien devant un panorama grandiose. Le Grand Pic de la Meije, situé à 3983 m d’altitude, fut conquis en 1877 par un chasseur de chamois de Saint Cristophe en Oisans, le fameux Gaspard de la Meije.
A l’époque de sa conquête, le glacier de la Meije, qui s’écoule au pied de sa face nord, descendait plus de 300 m plus bas par rapport à aujourd’hui, et la surface des glaciers du massif des Ecrins est passée de 170 km2 à moins de 70 km2 aujourd’hui. C’est dire l’impact du changement climatique sur leur fonte.

Le Grand Pic de la Meije, 3983 m d’altitude. Il faut imaginer qu’en 1877, lorsque Gaspard de la Meije accéda au sommet pour la première fois, ce glacier dépassait la zone basse de cette photographie.
Après le repas, nous organisons une séance de dessins devant ce paysage à couper le souffle, histoire d’intégrer Alice le plus rapidement possible dans le groupe. Tout le monde dessine, et comme toujours dans pareil cas, le temps passe vite. Aujourd’hui, il semble être de plus en plus difficile de se consacrer à une même activité pendant plus d’une dizaine de minutes. L’utilisation des réseaux sociaux en particulier à réduit notre temps d’attention à tous et toutes. Mais s’immerger dans un environnement un peu différent de l’habitude, dans des activités tournées vers l’autre ou vers le monde extérieur, permet tout de même de s’affranchir de ces mauvaises habitudes, finalement assez récentes.
Tout le monde passe un bon moment, et il n’est pas évident de remotiver la troupe car il nous faut encore ralier le refuge Evariste Chancel, à environ 2h de marche.

Un moment suspendu à dessiner.
Nouvelle soirée en refuge d’altitude
La montée vers le refuge se passe sans problème. Nous passons le lac de Puy Vachier qui nous permet même de nous reposer avant l’ascension finale. Certains choisissent d’aller vite, d’autres de rester un peu derrière et ramasser des cristaux sur le chemin. Une fois arrivés au refuge, il est déjà 17h. La possibilité de prendre une douche, malheureusement froide, est reçu de différentes façons par les jeunes … En ce début de soirée, Marion et moi avons un choix à faire sur comment organiser les couchages. Il y a derrière le refuge, à une cinquantaine de mètres, un chalet avec 12 places pile poil. Nous choisissons de faire confiance aux jeunes et de les laisser occuper tout cet espace. Alice, Marion et moi, nous dormirons dans le bâtiment principal, sans oublier de jeter un oeil bienveillant avant de se coucher. C’est que le lendemain sera encore plein d’émotions. Le repos aura été nécessaire.

Soirée et partage avec les gardien·nes du refuge Evariste Chancel.
La soirée se passe bien, et comme souvent dans les refuges, la nourriture est simple, très bonne et fait du bien aux coeurs et aux corps. Les jeunes expriment leur intérêt pour ce métier si particulier de gardien de refuge. S’en suit une discussion avec les deux personnes en charge du lieu. Nos jeunes s’exerceront-ils un jour à ce métier ? Sans savoir s’ils feront ce choix là, ils sont tout de même dans une période d’interrogations par rapport à leur avenir. Le métier de gardien mène à une existence simple tournée vers les autres et pour lequel la bienveillance est indispensable. Plein de vertues que nous prêtons à ce métier et qui à notre sens manquent à la société dans son ensemble.