Les bioinsecticides, miracle ou mirage ? - Echosciences chez RCF Isère

Publié par Echosciences Grenoble, le 9 octobre 2020   1.9k

Depuis septembre 2019, RCF Isère offre du temps d'antenne à Echosciences Grenoble, tous les jeudis à 12h05, dans "l'Echo des médias" des "Midis RCF" présenté par Nicolas Boutry.  L'occasion de vous parler des derniers contenus intéressants partagés par les membres d'Echosciences. Retrouvez toutes les chroniques dans ce dossier ou sur le site de RCF-Isère !

Retrouvez la chronique du 8 octobre 2020, par Marion Sabourdy, en son et en texte ci-dessous :

Sur RCF Isère, c’est l’heure de retrouver l’Echo des médias. Aujourd’hui, Marion Sabourdy, va nous présenter les dernières nouvelles d’Echosciences Grenoble. Bonjour Marion ! 

Bonjour Nicolas !

Marion, vous êtes chargée des nouveaux médias à La Casemate. Aujourd’hui, vous venez nous rappeler des mauvais souvenirs de cet été en nous parlant d’insectes !

Oui, Nicolas, j’aime mettre les sujets qui fâchent sur la table, surtout quand il est midi ! Bon, rassurez-vous, je ne vais pas vous parler d’insectes qui se mangent ! Je viens vous présenter un article sur les bioinsecticides, publié sur Echosciences et sur le site The Conversation France, à l’occasion de la Fête de la science, par Guillaume Tetreau, Chercheur en biologie moléculaire, microbiologie et toxinologie.

Des bioinsecticides ? En quoi un insecticide peut-il être “bio” ?

Alors ici, le préfixe “bio” signifie que la substance est produite par un organisme vivant. Et très souvent, cet organisme, c’est la bactérie Bacillus thuringiensis. Comme l’indique l’auteur, il en existe des centaines de souches, chacune étant spécialisée dans l’infection d’un groupe d’insecte particulier.

Une bactérie qui infecte un insecte. Mais comment fait-elle, Marion ?

Alors Nicolas, vous avez un petit schéma dans l’article avec une chenille toute mignonne pour bien comprendre, mais en gros : chaque souche de la bactérie synthétise un cocktail de molécules toxiques – appelées toxines. Celles-ci sont produites sous la forme d’un tout petit cristal, que l’insecte prend pour de la nourriture. Il ingère alors le cristal, qui se dissout dans son intestin ce qui libère les toxines. Celles-ci perforent l’intestin et entraînent la mort de l’insecte.

En plus d’être très efficaces, ces toxines ont le gros avantage d’être spécifiques : les cristaux ne se dissolvent qu’à des pH très basiques (alors que celui de l’estomac humain est très acide) et les toxines reconnaissent des récepteurs présents uniquement sur les cellules intestinales des insectes ciblés et pas chez l’homme.

En résumé, les bioinsecticides représentent une bonne alternative au Dichloro Diphényl Trichloroéthane ou DDT, l’insecticide massivement utilisé à partir de la Seconde guerre mondiale mais interdit depuis les années 1970 à cause de son impact environnemental et sanitaire.

OK, j’ai compris le mode de fonctionnement. Mais alors, on les utilise dans quels contextes ces bioinsecticides ?

On les utilise tout autant pour la protection des cultures agricoles que pour la lutte antimoustiques. Par exemple, le Btk est largement utilisé contre la pyrale du buis et la chenille processionnaire et le Bti est le seul insecticide autorisé pour la démoustication au stade larvaire en Europe.

Une solution miracle, en somme ?

Alors pas tout à fait, Nicolas. Guillaume Tetreau indique que des études récentes suggèrent que la disparition des moustiques dans les milieux traités au Bti aurait des impacts sur l’écosystème. En effet, si on fait disparaître massivement des moustiques, on prive d’autres animaux d’une source d’alimentation. Dans son article, il évoque ainsi l’importance d’avoir des approches adaptées pour lutter contre les espèces nuisibles. On ne combat pas les moustiques de la même manière à Grenoble que dans les pays de l’hémisphère sud où ils représentent un problème majeur de santé publique. Cela s’appelle la “lutte intégrée” et je vous invite à lire l’article pour voir des exemples.

Merci Marion pour la présentation de cet article. Vous aviez autre chose à dire sur les insectes ?

Oui Nicolas ! Comme on l’a vu, les insectes sont une pièce maîtresse des écosystèmes de notre planète et malheureusement, leur nombre décline partout. Pour en parler, l’IRD, l’Institut de recherche pour le développement a conçu une exposition. Elle peut être empruntée par des lieux culturels, mais elle peut aussi se consulter en ligne. Vous avez tous les liens dans une annonce, sur Echosciences Grenoble, intitulée “Les insectes au secours de la planète”.

Merci beaucoup Marion, à la semaine prochaine pour une nouvelle chronique !

Merci Nicolas, bonne journée

>> Photo : Christopher Fausten (@christopher_rcf)