Journal n°5 : Grenoble INP - Ense3, UGA à la COP27

Publié par Grenoble INP - Ense3 , UGA, le 10 mai 2023   650

Ce journal est le cinquième d'une série de 6 journaux écrits par 8 étudiants et étudiantes de Grenoble INP - Ense3 lors de leur expérience à la COP27 en novembre dernier. Ces journaux reflètent donc leur expérience mais aussi leur savoir et leurs idées.

Le centre du monde ?

L’Occident au centre de l’attention

J’ai toujours cru qu’en occident on parlait des Pays de l’Est et de l’Ouest relativement à nous, mais que personne ne faisait ça ailleurs et que c’était un fort témoin de notre vision occidentalo-centrée. J’ai cependant été surpris de découvrir qu’ici, dans le contexte international, le monde de l’ouest est littéralement appelé ainsi, il désigne l’Europe de l’ouest, l’Amérique du nord et l’Australie. De la même manière, le Moyen-Orient est appelé “middle east” pour est central, ce nom découle historiquement de l’importance du territoire comme lien entre l’Europe de l’Ouest et l’Inde. En fait, étymologiquement l’Orient et l’Occident sont des points cardinaux définis en fonction du lever/coucher du soleil, respectivement l’est et l’ouest donc. Mais l’Occident se réfère aujourd’hui à l’Europe de l’Ouest, l’Amérique du Nord et l’Australie.

J’ai été choqué que ce vocabulaire nous place au centre du monde. L’Occident, les Etats Unis, la Chine et la Russie occupent des places majeures dans la géopolitique et il est difficile de s’en défaire. Un·e négociateur·erice1 français·e nous a confié lors d’une discussion informelle qu’il avait souvent beaucoup de mal à considérer avec la même valeur les perspectives des petites îles que des gros pays. Normalement à la table des négociations un pays vaut une voix, mais les pays les plus puissants prennent considérablement plus de place dans le débat.

Les hommes au centre de l’attention

On peut faire un parallèle intéressant avec la situation des femmes : même si elles sont de plus en plus nombreuses à la COP avec un score record de 37% de femmes cette année2. Lorsqu’elles sont présentes aux négociations, leur temps de parole est bien moindre que celui des hommes. A la COP26 elles constituaient 37% des négociateur·rices mais n’occupaient que 29% du temps de parole3. Je ne dispose pas de cette statistique pour la COP27 mais on peut s’attendre à un résultat similaire. Soit dit en passant le fait d’avoir des données genrées est une première étape qui n’était absolument pas évidente il y a quelques années. C’est surtout grâce au Lima Work Programme4, rédigé lors de la COP20, qu’aujourd’hui ce genre de statistique est mesuré.

1 Je ne précise ici pas le genre de la personne car nous n’avons pas eu son autorisation pour la citer. 
3 Ces chiffres n’incluent que le temps de paroles des négociateur·rices. Ils excluent le temps associé à la présidence de la COP. Ils proviennent d’une vidéo de briefing d’avant la COP27 du WGC, que vous pouvez retrouver à cet URL à 13 min 12 s.
4 Retrouvez ce document ici, sous la rubrique “Decision 3/CP.25”, dans la langue de votre choix.

Fantin AUVERGNE

La différence des luttes

Pourquoi cet article ?

Pendant la COP j’ai eu la chance de passer plusieurs fois à la radio. Une fois en direct sur France Info, pour l’émission Empreinte Carbon(n)e et une fois sur France Bleue Isère pour une émission basée sur une discussion téléphonique. Les deux interviews ont été un peu frustrantes car j’ai peu parlé alors que j’avais pas mal préparé ce que je voulais dire. Elles devaient me permettre de partager mon ressenti à la COP mais les journalistes n’ont pas vraiment axé les émissions sur ce que j’avais envie de dire, alors je me crée moi-même l’opportunité !

Je suis venue à la COP en espérant prendre du recul sur la situation mondiale, et mettre en perspective les causes pour lesquelles je lutte en France. Je m’attendais à un choc mais l’écart est bien plus grand que je ne le pensais. 

Le féminisme à la COP

Je suis particulièrement engagée dans le féminisme à Grenoble INP - UGA au sein de l’association INPulse-Adelphie. Je trouve parfois que mes combats sont ma raison de vivre et que ce pour quoi je me bat est vital. Pourtant ici mes combats me semblent puérils, bien sûr ils restent tout autant légitimes et je continuerai à agir, mais les combats des femmes que j’ai rencontré là-bas sont tellement plus concrets. Elles se battent pour leur vie, littéralement.

Un peu de contexte

De ma perspective et au regard des évènements que j’ai suivis, cette COP, qui se déroule en Afrique, met l’accent sur les voix des petites communautés et notamment celles d’Afrique. Comme je me suis concentrée sur la thématique du genre et des femmes j’ai rencontré un grand nombre de femmes particulièrement inspirantes aux problématiques différentes.

Les combats des femmes en Afrique

J’ai beaucoup écouté de femmes africaines, certaines problématiques reviennent chez beaucoup d’entre elles. Il est mis en avant que les femmes produisent plus de 70% de la nourriture du continent, plus de 50% de femmes dans les communautés cultivent la terre. Pourtant elles sont propriétaires de moins de 10% des terres. En tant qu’agricultrices, le changement climatique les frappe de plein fouet. Par ailleurs, lors de catastrophes naturelles, elles peuvent se retrouver confinées dans des petits espaces avec beaucoup de familles ce qui augmentent les risques de violences et d’agressions sexuelles.

Toutes donnent des exemples affirmant que les femmes, surtout dans les communautés les plus vulnérables, sont plus affectées par le changement climatique. Ces femmes ont décidé de porter leurs voix à l’international. Elles revendiquent une écoute des décideurs et décideuses, une prise en considération de ce que font les femmes sur place, de leurs connaissances et qu’elles doivent faire partie du processus décisionnel pour que l’implémentation soit efficace. Ces discours m’ont beaucoup touché, c’est pourquoi je voulais le retranscrire pendant les émissions et que je vous les partage. Il est tellement important de comprendre que nos problématiques (celles des occidentaux) sont différentes de celles des pays en développement. C’est un de mes plus importants apprentissages de la COP.

Léa LORA-RUNCO

What is climate justice? (article in english)

Climate justice is a movement to try to ensure global justice for those most vulnerable to the impacts of climate change: the poor, women, children, black people, indigenous people, immigrants, people with disabilities and other marginalized minorities around the world.

In this way, climate justice is a compensation from rich countries that pollute the most and are the least affected by climate change to poor countries that pollute the least but are the most affected, like Africa, that is the most affected continent by climate change but only emitted 4% of the global human made CO2. So while some countries will have more days with extreme heat caused by climate change, others will suffer from more severe damage such as droughts that damage that country’s food production and floods that destroy the country.

An example of climate justice to be done is the case of Pakistan, which at this COP takes the lead on the issue of loss and damage, as the country is one of the most affected by climate change with 33 million people affected by the floods caused there and needs funding for the damage caused by other countries emissions.

For the first time in history there are more people becoming refugees due to climate than wars. One study has shown that the climate crisis will have a major impact on Africa’s economies by reducing their Gross Domestic Product by two-thirds by the end of the century. So urgent measures are needed to contain this situation.

However, almost every day here at COP there have been manifestations from different parts of the world calling for climate justice. Thus, the manifestants are calling for an end to fossil fuel funding and more investment in clean energy. And, a movement led by the British newspaper The Guardian, wants the governments to create a tax on fossil fuel companies.

Bruno ANDRIOLI

Digital Reefs: How technology is helping to save our corals (article in english)

The Australian pavilion held a panel on Thursday, November 10th, that presented a series of new platforms in development used to monitor and hopefully save coral reefs across the world. The projects use data-driven solutions to facilitate reef monitoring and provide policy-makers and the public in general with clear insights into the health of these ecosystems.

The first tool, ReefCloud, was presented by Manuel Gonzalez Rivero from the Australian Institute of Marine Science (AIMS). ReefCloud uses machine learning and emerging analyticaltechniques to extract and share data from images of coral reefs in a rapid and globally replicable manner. Presently, 70% of the Earth’s coral reefs are monitored, but it can take years to bring all the available data together—due to the disparate formats and data collection methods. ReefCloud is an open-access platform designed to quickly and efficiently collate and analyze data to improve decision-making and inform conservation.

This platform simplifies the collection of reef data, enabling scientists and even tourist divers to submit photos of the reef along with the observational context—i.e. GPS coordinates, date, habitat, depth, etc. The platform then uses these various data sources to evaluate the condition of coral reefs. This data follows a pipeline that organizes and facilitates the dissemination of these records at multiple levels to foster collaboration. Subsequently, these images can go through various supervised machine-learning classification models6. These models automatise the assessments of the reefs, enabling small teams of scientists and government officials to track the health of large patches of the ocean.

The moderator then called Dr Anne Cohen, from the Woods Hole Oceanographic Institution, to present the Digital Reefs project. In her own words:
“The project [...] builds the world’s first Coral Reef Digital Twin, a 4-dimensional virtual replica of a living coral reef powered by state-of-the-art data and models. Digital Reefs will be accessible and usable by coral reef stakeholders around the world who are making critical decisions every day to manage and protect these valuable ocean ecosystems.”

While only a year old, the project has been used by the United States Department of Defense to model how the removal of a pier from an archipelago would affect the water temperature, and therefore marine life in the inner lagoons. The panel then shifted to Steve Victor, Minister of Agriculture of Palau, Mr Victor raised the importance of collaborating with local communities to both validate the models created and ensure their usefulness. The scientists all concurred, stating that the false dichotomy between traditional knowledge and science is becoming less and less accepted by the scientific community.

Finally, the panel was asked where these projects could go next, and an audience member presented a compelling case. She explained that while 70% of reefs were indeed tracked by systems similar to the ones presented, 30% are still left unattended, notably here in Sharm el-sheik. If the question is where should we go next, Egypt is the answer!

João Henrique LIMA DE VASCONCELOS