[PORTRAIT] Alice Jacquier : développer les mobilités douces de demain grâce à l’informatique

Publié par Sandy Aupetit, le 1 avril 2021   2k

Alice Jacquier, jeune doctorante de 22 ans au Laboratoire Informatique de Grenoble (LIG), nous explique comment les sciences du numérique peuvent faire évoluer la recherche vers des modes de transports plus doux.

Alors que Grenoble, comme de nombreuses métropoles, cherche à évoluer vers une politique plus verte notamment en termes de mobilité urbaine, cette future chercheuse, Alice Jacquier, désire apporter sa contribution par la recherche en informatique. Elle nous fait part de son expérience dans ce domaine. 

Passionnée par l'informatique

Au cours de sa scolarité, Alice se demande, comme tous ses camarades, ce qu’elle pourrait bien choisir comme orientation. De nature curieuse, intéressée par les sciences et passionnée par les jeux vidéo, elle opte au lycée pour un baccalauréat scientifique. Lorsqu’elle a l’opportunité en terminale de choisir l’option ISN (Informatique et Sciences du Numérique) elle se découvre un intérêt prononcé pour ce domaine. Originaire de la région nîmoise, elle choisit de poursuivre son parcours à l'Université Grenoble Alpes avec un DUT, une licence puis un master en informatique. Ce master lui ouvre les portes de la recherche à l’occasion de deux stages, à l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria) et au Laboratoire Informatique de Grenoble (LIG). Un monde qu’elle découvre et pour lequel elle développe un grand attachement. Et la voilà aujourd’hui doctorante, dans le domaine informatique et plus particulièrement dans le développement de systèmes multi-agents. 

Si son parcours semble tout tracé, il n’a pourtant pas toujours été facile. Alice raconte que le domaine informatique est un milieu qui l’a amenée à vivre beaucoup d’expériences liées au sexisme, notamment au début de ses études. Elle se rappelle “je n’avais pas ma place, certains pensaient que si je réussissais c’était uniquement car je suis une femme et les garçons doutaient de mes capacités sur le sujet”. Elle souligne malgré tout que la situation s’est maintenant améliorée.

Pendant ses études, ses convictions en matière d’écologie amènent Alice se questionner sur l’éthique et le futur du domaine des sciences numériques. Elle découvre alors qu’elle peut allier ses convictions et son travail, en se tournant vers la recherche dans les systèmes multi-agents et notamment leur application au développement des mobilités douces de demain et à l’urbanisme. C’est ainsi qu’elle démarre une thèse au Laboratoire informatique de Grenoble (LIG) en septembre 2020.  

Allier écologie et informatique, un défi à long terme

Pendant sa thèse, Alice va s’intéresser à la manière dont les individus choisissent leur moyen de déplacement, en tenant compte de plusieurs variables sur lesquelles elle base ses hypothèses : le coût général du trajet, la durée de ce dernier, les conditions météo, la présence de pistes cyclables, etc. 

Elle utilise pour cela des systèmes multi-agents : ce sont des programmes informatiques composés d'agents, ayant des interactions entre eux et avec un environnement, selon certaines règles (données par le programmeur ou la programmeuse). Ces systèmes permettent à Alice de « reproduire des comportements réalistes afin d'aider les décideurs à comprendre des mécanismes de décision des citoyens concernant leur mobilité ».

Les effets des variables peuvent être nuancés : les premiers résultats d’Alice montrent par exemple que “le prix du carburant n’influence pas le nombre d’automobilistes” mais que “la présence de pistes cyclables influe sur le nombre de cyclistes”. Elle comprend par ces simulations que les décisions des individus ne dépendent pas uniquement de critères rationnels, mais qu’il y a aussi une grande part de variabilité en fonction des caractères psychologiques de chacun. Ces constatations vont l’amener pour la suite de sa thèse vers de nouvelles études, impliquant davantage les sciences humaines et cognitives. 

Tournée vers l’avenir, Alice nous fait part de son désir de poursuivre dans ce domaine qui lui permet d’allier sa passion pour l’informatique et ses convictions écologiques. Les questions environnementales étant aujourd’hui au cœur des préoccupations de tous, Alice est convaincue qu’il reste tout à faire pour créer le monde de demain. Par ses recherches, elle souhaite amener sa pierre à l’édifice pour le développement de technologies plus vertes au quotidien.  

 On se rend compte qu'écologie et informatique, ça ne va pas forcément de pair. [...] Je me dis qu’en faisant de la recherche je peux essayer d’améliorer l’informatique pour que ce soit un peu moins horrible en terme d’écologie et de social


Article rédigé par Romane Choine et Gwenaëlle Gestin



Cet article a été rédigé par les étudiants de licence suivant l'enseignement transversal "Sciences, journalisme et réseaux sociaux" proposé à l'Université Grenoble Alpes (UGA). Cet enseignement est encadré par Sandy Aupetit, chargée de médiation scientifique à l'UGA et Marion Sabourdy, chargée des nouveaux médias à La Casemate. Suivez l'actualité de l'ETC sur Twitter !