Rencontre avec Rebecca Bilon, directrice du Muséum de Grenoble, à l'occasion de la Nuit des Musées

Publié par Lola Steve, le 15 mai 2025

Ce samedi 17 mai dans toute l’Europe aura lieu la Nuit des Musées. À cette occasion, de nombreux musées Grenoblois vous ouvrent leurs portes et vous proposent diverses activités qui invitent petits et grands à redécouvrir les musées autrement. 

Parmi eux, le Muséum de Grenoble prend part à l'événement. Lieu incontournable de la ville, c’est l’un des Muséums d’Histoire Naturelle les plus vieux et les plus riches de France. 

Nous avons rencontré Rebecca Bilon, la directrice de l'établissement, qui nous présente le programme et les activités inédites qui se dérouleront tout au long du week-end. Elle nous partage également son regard sur cette institution grenobloise.

Pour réécouter l'émission " Venez vivre la Nuit des Musées au Muséum de Grenoble !" diffusée le 14 mai 2025 sur RCF Isère, ça se passe juste ici : 

Une émission présentée par Lola Steve

RCF Isère : Qu’est ce que cela apporte au Muséum de participer à ce genre d'événement ?

Rebecca Bilon : “Déjà c'est un événement qui est national et départemental en même temps, ça permet donc de s'inscrire dans un programme qui est accessible à tous et toutes. C'est une belle manière d'amener des personnes qui d'habitude ne visitent pas forcément le Muséum. Et puis ce qu'on aime aussi c'est créer du lien entre l’intérieur et l'extérieur du Muséum donc pouvoir proposer des activités dans le Jardin, dans les Serres et dans nos espaces d'exposition aussi.”

Parmi ces activités, est-ce qu'il y en a qui sont inédites à cette édition de “Musée en fête” ? 

Oui effectivement, dans le cadre des 48 heures de l'agriculture urbaine, qui est un événement qui a lieu en même temps, on propose avec l'association “Cultivons Nos Toits” et “Les Amis du Muséum” un atelier sur les sols pour comprendre comment la biodiversité du sol peut aider à produire des aliments, notamment en ville. On a aussi un atelier autour des graines qui est plutôt pour les petits de trois ans à six ans avec nos médiatrices, Marion et Clara, pour découvrir de manière sensorielle les graines donc comment on peut les toucher, les observer et deviner ce qu'elles vont devenir une fois qu'elles auront germé.” 

Comment le muséum s'est adapté, notamment dans sa programmation, pour réussir à parler à la fois aux enfants et aux adultes ? 

Et bien justement, l'après-midi, on a une programmation qui est adaptée à tous mais avec des animations plus pour les enfants. J'ai cité l'atelier graine mais on a aussi des contes avec l'association les Amis du Muséum et les Mamans Conteuses autour de la biodiversité. On va avoir également le soir des activités plus pour les adolescents, les jeunes adultes et puis bien sûr pour tout le monde comme la visite du Muséum et des Serres à la lampe de poche. Donc c'est assez sympa, c'est quelque chose qu'on ne peut faire qu'une fois dans l'année et c'est vrai que ça fait toujours venir beaucoup de monde.”

Est-ce que cette visite de nuit du Muséum change réellement l'expérience pour les visiteurs ? 

“Ah oui ! Parce que là, il peut y avoir beaucoup de monde, mais on est un peu seul avec sa lampe de poche. Bon, en général, c'est la lampe du smartphone qui va nous éclairer, mais on a une autre manière de voir les spécimens dans les vitrines qui ne sont pas du tout éclairées de manière muséographique, donc c'est un côté assez rigolo, assez fun et parfois un petit peu inquiétant, c'est ça qui est sympa.”

On a pu voir que le muséum, pour cet évènement, travaille avec de nombreuses associations. Comment cette collaboration s’est-elle mise en place et qu’est ce qu’elles apportent au Muséum ? 

“Ce sont des partenaires avec qui on travaille assez régulièrement pour la plupart. Donc on a bien sûr l'association “Les amis du Muséum” qui fait énormément pour proposer des activités qui sortent de l’ordinaire. On a aussi le service Nature en ville de la ville de Grenoble avec qui on travaille beaucoup puisqu’ils sont présents sur le Jardin des Plantes Joséphine baker. On a notamment travaillé avec eux sur une espace qui s'appelle “Minute Papillon” qui permet de découvrir les papillons qui vivent en ville et les plantes qui vont les attirer, c’est un espace qui marche assez bien. On travaille aussi avec France Nature Environnement avec qui on peut visiter le Jardin des plantes à la lampe de torche et découvrir les animaux qui y vivent et qui y vivent la nuit.”

Qu’aimeriez vous que les visiteurs retiennent de leur passage au Muséum de Grenoble ?

“Notre raison d’être, c’est de donner des clés de compréhension du monde naturel aux visiteurs. Donc si on a pu leur donner envie d’aller voir la nature, c’est super ! Et puis si on peut leur montrer des animaux, alors je pense à ce qu’on pourra voir dans le jardin de nuit, comme des insectes, des amphibiens, peut être des chauves-souris si on a de la chance, ça sera génial puisque ce sont des animaux qui vivent en ville et qu’on peut voir la nuit mais auxquels on prête pas forcément attention. Donc si les visiteurs peuvent voir ça et ensuite vont les voir dans le parc à côté de chez eux, on sera très content.”

Et pour les prochaines éditions de la “Nuit des Musées”, avez-vous déjà des envies ou des ambitions particulières ?

Pour l’année prochaine, on aura une exposition autour de la neige et de la montagne, donc peut être que c’est sur ce thème là qu’on va pouvoir développer des activités et des ateliers.”

« Participer à ces événements c'est aussi apporter de la vie eu Muséum »

Pensez vous que participer à ce type d'événement parvienne à changer le regard que portent les visiteurs sur le Muséum ou sur les musées en général ?

“Oui parce que c’est l'occasion de montrer qu'un musée c’est vivant. On peut visiter le musée de manière classique mais on peut aussi trouver des ateliers qui sont animés par l'équipe du muséum et par nos partenaires donc c’est aussi un lieu de rencontre et d’échange. Participer à ces événements c'est aussi apporter de la vie au Muséum”

Cela fait maintenant plus de 5 ans que vous êtes à la direction du Muséum. Comment envisagez-vous son évolution dans les années à venir ?

“En octobre on va ouvrir une exposition sur le sang des glaciers. C’est un phénomène que l’on va retrouver au printemps qui fait que la neige va se colorer en rouge et on va donc étudier ce phénomène avec les scientifiques grenoblois autour d’une exposition qui commence le 11 octobre. Et puis on va rénover, cet automne, nos espaces d'accueil, ce qui va permettre d'avoir des espaces qui sont beaucoup plus conviviaux, beaucoup plus ouverts sur le Jardin et qui, j'espère, vont amener les usagers du Jardin à aller jusqu’au Muséum. Et puis, de manière un peu plus lointaine, on réfléchit, avec un comité scientifique sur les contenus que l’on va trouver à l’intérieur du parcours permanent du Muséum et sur leur renouvellement, donc quels messages on peut apporter, quelles questions scientifiques on peut aborder et quelles collections on va montrer en lien avec ces questions.”

« On a vraiment un potentiel énorme pour aborder des enjeux environnementaux, écologiques et scientifiques, qui nous touchent tous et toutes et qui touchent la société actuellement. »

On a parlé de l’avenir maintenant est ce qu’on peut faire un petit retour dans le passé. Le Muséum de Grenoble est l’un des plus vieux de France, quel regard portez-vous sur cette institution ?

“Moi je suis là depuis un peu plus de cinq ans, donc c’est une toute petite partie de l’histoire du Muséum puisqu’il a 250 ans, si on part de la fondation du cabinet science naturel qui a été son origine en 1775. Il s’est installé en 1855 dans ce bâtiment tout neuf à l'époque.

Le regard que je porte c'est qu'on a vraiment un potentiel énorme pour aborder des enjeux environnementaux, écologiques et scientifiques, qui nous touchent tous et toutes et qui touchent la société actuellement. On a un très beau bâtiment, avec des belles boiseries du 19ème siècle, qui sont vraiment un très bel écrin pour un musée. Et puis on a des collections exceptionnelles de 3 millions de spécimens qui ont été récoltés dans les Alpes, mais également dans le monde entier.

Ce sont des collections qui ont été rapportées par les explorateurs grenoblois et qui ont ensuite été données à la ville. On a donc des spécimens d’histoire naturelle, des animaux naturalisés, des insectes et des plantes qui sont des témoins du vivant et de la biodiversité qui a pu exister sur le territoire et qui existe toujours et qui évolue avec le changement climatique notamment. Donc énormément de choses qu’on peut utiliser et qu’on peut montrer au public pour l'aider à comprendre le monde.”

Tout au long de l’année est-ce que vous organisez d’autres événements ?

Oui, cette année on a les 250 ans du Muséum, donc on est en train de préparer pour les journées du patrimoine, un événement un peu festif pour fêter ça. Et puis on a nos expositions temporaires qui nous permettent d’aborder des thématiques scientifiques qui varient d’une année à l’autre.”


Infos pratiques : Le Muséum vous accueille du mardi au vendredi de 9h15 à 12h15 et de 13h30 à 18h puis du samedi au dimanche de 14h à 18h. Le Jardin des Plantes est ouvert toute la semaine de 8h à 21h et les Serres Botanique en visite libre de 8h30 à 12h30 puis de 13h à 16h.

Pour rappel, la Nuit des Musées se déroulera ce samedi 17 mai. Retrouvez toutes les informations du programme sur le site : https://museesenfete.isere.fr

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