Vêtements du futur : des jeunes donnent leur avis

Publié par Ludovic Maggioni, le 7 juillet 2014   6.8k

Que porterons-nous en 2100 ? C’est la question posée par La Casemate à des étudiants en 1ère année de BTS Métiers de la Mode-Vêtements dans le cadre d’un projet européen.

Le futur est un inconnu plus ou moins connu. Inconnu car il est le champ de tous les possibles mais connu car il est le reflet de l’imaginaire des sociétés régies par un même système de pensée. Cet imaginaire est ainsi plus ou moins visible, formulé, réaliste. La mode est en perpétuelle évolution ; par définition… elle se démode ! Dans le futur est-ce que cela sera toujours le cas ?

Dans le cadre du projet européen Kiics (Knowledge incubation in innovation and creation for science), nous avons posé la question de l’habillement du futur à des étudiants en 1ère année de BTS Métiers de la Mode-Vêtements au lycée André Argouges de Grenoble. La contrainte était simplement d’imaginer les vêtements dans un futur proche, soit dans 50 ou 100 ans.

Durant l’année scolaire 2013-2014, les étudiants ont travaillé sur ce sujet pour in fine produire 8 prototypes qui pourraient nous vêtir dans le futur. Au cours de ce travail, ils ont été nourris de rencontres à la croisée des arts, des sciences, de la créativité et du monde de l’entreprise.

Ils ont par exemple découvert Organic orchestra, la compagnie d’Ezra, un beatboxer utilisant un gant instrumenté de capteurs qui lui permet de moduler sa musique [ndlr : souvenez-vous de cet article], ils ont travaillé avec Dominique David, un ingénieur du CEA, visité l’entreprise Raidlight à Saint-Pierre de Chartreuse, spécialisée dans les vêtements technologiques de sport, ont prototypé au Fab Lab de la Casemate. Pinterest, un site de curation de contenus leur a permis de rassembler des références autour de l’imaginaire et de la créativité (retrouvez-le ici). Le tout accompagnés par des enseignants du lycée avec en tête Dorine Rambur, professeur en arts appliqués.

Quels axes de réflexion ont motivé les élèves pour leur travail ? Les noms des huit projets sont évocateurs : Adaptabilité & innovations vestimentaires, La mécanique du corps, La nature reprend le dessus, Le corps en transformation, Réintroduction de valeurs dans un monde individualiste, Société en perdition, Up-cycling, Smart Clothes, Cocon Mitoyen.

Ces sujets sont le reflet de leur vision du futur : une vision qui n’est pas exclusivement techno-centrée, des idées qui sont fortement orientées vers le recyclage, la durabilité où le progrès n’est pas uniquement technique mais aussi social avec Cocon mitoyen et Up-cycling par exemple. Enfin, pour certains, une vision noire, post-apocalyptique où la vie devient survie comme par exemple Société en perdition et La nature reprends le dessus. En mots et en images, présentation de ces travaux :

Adaptabilité & innovations vestimentaires par Mégane Magnieux, Gaëtan Mazin, Alizée Réant et Marie-Claire Pilles

Le principe de ce travail est une cape avec une capuche pour se couper du monde et se réfugier dans un cocon où l’on pourrait à sa convenance écouter de la musique, laisser vivre ses émotions intérieures. Pour la réalisation du prototype, une couette a été détournée !

La mécanique du corps par Maurane Brunel, Anaëlle Fourel, Charlène Gardon et Emeline Gagnaire

Dans la lignée de Descartes, le corps est machine. Ici, il est augmenté par des machines intégrées aux vêtements. Elles permettent entre autres de voler tout en trouvant de l’énergie dans le soleil.

La nature reprend le dessus par Alicia Candy, Marie-Caroline Bros et Vannie Fontaine

Une seconde peau sous forme d’un tissu élastique synthétisé à partir de bactéries : telle est l’idée de ce projet. Sur cette peau, des boites peuvent se greffer en guise d’extensions, de fonctions liées à la chaleur. Sur le prototype, un tissu céramique avec des propriétés calorifiques à été utilisé grâce au partenariat avec la société Raidlight.

Le corps en transformation par Lucie Hourregue, Mégane Thuderoz et Romane Miccoli

Ce projet allie design, fonctionnalité et confort. C’est une cape mais aussi un fauteuil composé de sphères de même taille, chacune pouvant être changée et personnalisée.

Cocon Mitoyen par Julie Dupent, Océane Carlo et Myrtille Carecchio

Dans un monde de plus en plus individualiste, ce travail a pour objectif de réunir les gens et de favoriser la communication dans le monde réel. C’est une coque gonflable qui peut s’assembler à d’autres afin de permettre ces moments d’échange. Chaque porteur de coque reconnaît les autres et peut dialoguer.

Société en perdition par Anne-Solène Jay, Morgane Raux et Jeanne Mathais

Pour se protéger, les soldats du futur devront avoir des vêtements léger, intelligents et hyper-adaptables. Ce projet parle d’exosquelettes pour décupler la force des hommes, de sac à dos en caoutchouc…

Up-cycling par Aurélie Lamarca, Camille Pochelon et Adélaïde Gasse

Ce travail sur le thème de l’écologie et du recyclage montre comment détourner des vêtements existants pour en créer de nouveaux (c’est la définition du terme « up-cycling »). Au-delà de la baisse de l’empreinte carbone, ce projet redonne de la vie à des vêtement démodés.

Smart Clothes par Nathanaëlle Chausse, Julie Anould et Pauline Basso

Partir d’un vêtement du quotidien, un trench-coat, et en augmenter ses fonctions. Il est trench, mais il est aussi communicant grâce à un système embarqué sur sa manche qui permet de montrer sa connectivité avec un @ lumineux dans le dos, le tout rechargé avec des capteurs solaires sur les épaules. Ses manches sont également retro-réfléchissantes pour être visible dans le noir.

Un concours européen

Dans le cadre du projet européen, un jury de professionnels composé de Laurent Chicoineau (directeur de La Casemate), Dorine Rambur (professeur en arts appliqués au Lycée Argouges), Sarah Boukaala (Conseillère régionale en charge de la jeunesse), Angelo Guiga (ingénieur CEA) [ndlr : lire notre article] et Robin Lami (cluster Sproraltec) s’est réunit lors de la Nuit européenne des musées, le 17 mai dernier à la Casemate. Il a élu le projet Cocon mitoyen. Celui-ci a ensuite participé à la finale européenne du projet Kiics, qui a sacré le projet italien : "Fashionable - MUSE", une robe imprimée en 3D.

>> Crédits : Ludovic Maggioni, David Rousseau, Brunel Maurane / Fourel Anaelle / Gardon Charlène / Gagnaire Emeline, David Rousseau x2, Dorine Rambur x2, David Rousseau (plus de photos ici)