5 questions à... Stéphanie Gauttier
Publié par Territoire de sciences, le 26 juillet 2025 69
À travers cette série, nous mettons en lumière les chercheurs et chercheuses qui participent à la Fête de la science 2025 en Isère. L’objectif : découvrir leur parcours, comprendre leur métier, et mieux appréhender les enjeux de leurs recherches.
Suite de la série avec Stéphanie Gauttier, professeure associée à Grenoble Ecole de Management en Systèmes d'Information et responsable de l'équipe de recherche "Systèmes d'Information pour la société". Elle est l'invitée des Midis by GIANT, le vendredi 10 octobre 2025, à l'occasion de la Fête de la science, pour explorer le rôle de l'intelligence artificielle : outil, rivale ou alliée de l’intelligence humaine ? Plus d’infos sur cette animation.
Retrouvez toutes les informations sur la Fête de la science 2025 en Isère
1. Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire de la recherche ?
Je crois que ce qui m’a attirée vers la recherche, c’est d’abord un goût pour l’analyse. J’aime décortiquer les mécanismes sous-jacents aux pratiques, repérer les tensions, les zones d’ombre, et comprendre ce que les discours laissent de côté. La recherche m’offre un espace pour interroger les évidences, relier les dimensions humaines, techniques et sociales, et construire des grilles de lecture plus fines du réel. C’est une manière d’apprendre sans cesse, mais aussi de produire du sens dans un monde complexe.
2. Sur quoi portent vos recherches en ce moment ?
Mon agenda de recherche interroge les usages de l’intelligence artificielle dans les organisations en croisant trois dimensions : les tensions éthiques et politiques que ces technologies suscitent, l’expérience subjective et incarnée de celles et ceux qui y sont confrontés, et les conditions d’un apprentissage critique permettant de ne pas subir ces transformations. À travers des terrains qualitatifs, des dispositifs immersifs, des baromètres d’usage et des collaborations avec des entreprises et acteurs publics, je cherche à redonner toute sa place à l’humain dans les débats sur l’IA, comme sujet pensant, situé, capable de choix.
3. Y a-t-il une idée reçue que vous aimeriez voir disparaître dans votre domaine ?
Une idée reçue que je voudrais voir disparaître, c’est qu’on pourrait "éliminer" les biais. Un biais, ce n’est pas une simple erreur : c’est une perspective. Toute donnée, tout modèle, tout choix technique porte une vision du monde. Plutôt que de chercher à effacer les biais, il faut apprendre à les reconnaître, à questionner les points de vue qu’ils traduisent.
4. Comment participez-vous à la Fête de la science cette année ?
Je propose une conférence intitulée « IA : outil, rival ou alliée de l’intelligence humaine ? ». À partir d’exemples concrets, j’y explore les différents rôles que peut jouer l’IA : automatiser, accélérer, augmenter. Mais aussi les tensions que cela soulève : qu’est-ce que "l’intelligence" ? Et que veut dire "augmenter" l’humain ? C’est un moment de réflexion partagée, à la frontière entre science, société et imagination.
5. Menez-vous des actions de médiation scientifique auprès du grand public en dehors de la Fête de la science ? Si oui, sous quelle forme ?
Oui, je m’implique dans plusieurs formats. Je rédige des articles de vulgarisation, notamment pour The Conversation [lire ses articles], j’interviens régulièrement en entreprise pour sensibiliser à l’IA responsable, et je participe à des projets internationaux, comme un projet avec l’UNESCO sur l’IA et le futur du travail. Pour moi, la médiation scientifique, ce n’est pas juste « expliquer » : c’est ouvrir des espaces où chacun peut questionner, débattre, comprendre ce qui est en jeu.
🧠 Question bonus : Si vous deviez représenter l’intelligence avec un objet ou une image, que choisiriez-vous ?
Je choisirais un prisme. L’intelligence, pour moi, c’est la capacité à faire passer la lumière d’un problème à travers un filtre qui en révèle toutes les facettes. C’est ce qui permet de décomposer une situation complexe, de voir ce que d’autres ne voient pas, de formuler de nouvelles questions. Le prisme symbolise aussi le fait que notre regard oriente ce que l’on perçoit : il n’y a pas une seule vérité, mais une pluralité d’angles à explorer.