ACONIT-PSTC : Histoire de la gestion d'une collection d'informatique (version 2022)
Publié par ACONIT (Association pour un Conservatoire de l'Informatique et de la Télématique), le 30 mars 2022 1.8k
Evolution des principales versions du système DBAconit, éclatée selon six axes de développement,
dans l'attente de la refonte de son environnement (copyright ACONIT)
par Philippe Denoyelle et Xavier Hiron
gestionnaires de moyens techniques et de collections
Dans le cadre de la publication de l'ouvrage Destins d'objets, Chroniques 2005-2020, en guise d'introduction à la partie Informatique de sa mission de valorisation du patrimoine scientifique et technique contemporain de l'agglomération de Grenoble, l'ACONIT a choisi de mettre en exergue les solutions qu'elle a mises en œuvre pour gérer sa collection, qui a atteint plus de 30 000 items. Ces solutions s'appuient sur le système DBAconit, regroupant notamment des bases de données et un musée virtuel (Galeries, Parcours), supports que notre association met à la disposition de ses partenaires. Gestion, valorisation et partenariats constituent en effet les trois grands axes qui ont guidé les actions de notre association au cours des 35 ans de son existence. Après 20 ans d'utilisation intensive, ce système est aujourd'hui à l'orée d'une évolution majeure. Nous retraçons ici le parcours conjoint de ces outils et de la collection.
Création de l’ACONIT et premières années
L’association ACONIT est née en 1985 du souci de quelques universitaires et industriels de ne pas voir disparaître les témoins des débuts de l’informatique française et grenobloise. Témoins tant matériels qu'humains, tant machines que récits et témoignages. C’est dans le cadre de l’ADIRA (Association pour le développement de l’informatique et de l’automatique dans la région Rhône-alpes) que la décision de fonder une association consacrée au patrimoine informatique a été prise par MM. Michel Jacob (EDF), Roger Gay (Merlin-Gérin), Pierre Thorel (CNRS) et les professeurs Louis Bolliet et René Perret.
L’association reçut la bénédiction de grands noms du monde de l’informatique et de l’industrie : le professeur Jean Kuntzmann (fondateur de l’IMAG), François-Henri Raymond (fondateur de la SEA), Jean Vaujany (PDG de Merlin-Gérin) et Daniel Bloch (président de l’université Joseph Fourier).
Le matériel affluât rapidement. Il fut stocké un temps à l’INPG, avenue Félix Viallet, puis dans un hangar à Voiron. Pour être transféré à nouveau dans les anciens bâtiments Cémoi à Grenoble même. Très vite, il fallut en dresser des listes, créer des étiquettes... Philippe Ledebt, de l'Institut Laue-Langevin (ILL), mit en place un premier inventaire sur une base de données de type PARADOX. Hélas, le décès prématuré de Monsieur Ledebt, combiné à de grosses difficultés de financement, va stopper tout développement informatique pendant quelques années.
Les débuts de DBAconit
C’est Muriel Batistella, emploi jeune auprès de l’ACONIT, qui va proposer de relancer l'idée d'une base de données d'inventaire interne. Elle vient de faire un stage à Electropolis, le Musée de l‘Électricité de Mulhouse. Elle a été séduite par leur logiciel d'inventaire et en a ramené des copies d'écrans. Elle parvient à intéresser Philippe Denoyelle, informaticien retraité et bénévole, qui lance l’étude.
Pourquoi développer un outil en interne, alors qu'il existe des bases de données toutes faites ? À cela, plusieurs raisons… D’une part, l'ACONIT n’a pas un sou et les logiciels commerciaux coûtent chers ; d’autre part, les expériences PARADOX, ACCESS… ont été décevantes et limitées : dès le départ, nous envisageons un accès web (notre site Internet sera à la fois le support et l'hébergement des bases de données), des interconnexions faciles et prévoyons des extensions personnalisées… Enfin, l’époque est aux « logiciels libres » : en s’appuyant sur le logiciel base de données libre MySQL et le langage PHP, le projet ne semble pas trop difficile à aborder pour d'anciens professionnels du domaine.
Avec l’accord du bureau, Philippe Denoyelle lance l’écriture des spécifications : structure de la base, fonctions et écrans, en s’appuyant sur ce que nous connaissons de la base inventaire de Mulhouse. Hans Pufal, « paléo-informaticien » de choc, se charge de configurer un PC de la collection avec le logiciel MySQL sous LINUX. Un jeune étudiant, Idriss Farhat, est embauché pour l’été et va sortir la version d'essai v.0 en quelques mois. En juillet 2002 est mise en service la DBAconit version 1.
À ce stade, DBAconit est distribué uniquement sur le réseau ETHERNET interne de l’ACONIT. Aucun frais ! Et tout est en contrôle direct, solution satisfaisante pour un démarrage. Murielle Batistella et Agnès Félard, second emploi jeune, commencent à charger les premières données dans la base.
Un partenariat avec le Musée des arts et métiers et un nouveau déménagement
En 2003, c’est au tour de Flore Gully de nous rejoindre en tant qu'emploi jeune. Elle prépare le concours d’attaché de conservation et maîtrise la rigueur des inventaires. Aidée par Cécile Hamadou, le travail avance efficacement.
Alors que l’avenir de l’ACONIT semble quelque peu bouché, un événement va amener une nouvelle dynamique. Jacques Pain, alors président de l'association, rencontre Daniel Thoulouze, alors directeur scientifique du Musée des arts et métiers (MAM). Ce dernier vient d’être chargé de lancer un programme de sauvegarde du Patrimoine scientifique et technique contemporain, appelé PATSTEC, et l'ACONIT va devenir en 2004 l'un de ses deux premiers organismes associés.
Philippe Denoyelle et Hans Pufal prennent alors contact avec Catherine Cuenca, conservatrice au Musée des arts et métiers et directrice du projet, et avec son équipe à Nantes. Ce projet est lui aussi articulé autour d’une base de données d'inventaire nationale. L'ACONIT va devoir effectuer quelques modifications mineures de son système DBAconit pour harmoniser les informations à prendre en compte sans pour autant perdre ses spécificités. Par exemple, DBAconit gère dans la même base des objets de types Machine, Document et Logiciel, ce qui est superflu en national.
Dans le même temps, il faut régler un nouveau problème inopiné : la Ville de Grenoble veut récupérer les locaux qu’occupe l'ACONIT. Avec l’aide de ses services généraux, nous trouvons près de la gare les locaux d’une ancienne imprimerie de 900 m2 répartis sur 3 niveaux. Il s'agit de locaux privés en location pour laquelle il faut trouver un financement, mais nous y gagnons un accès de plain-pied pour les grosses machines.
Ce nouveau déménagement nécessitera un travail de préparation intense : d’une part pour emballer le petit matériel et mettre la bibliothèque en cartons ; et d’autre part pour préparer ces locaux situés au 12 de la rue Joseph Rey à recevoir notre collection. En particulier, une équipe va démonter des dizaines de mètres linéaires de rayonnage dans un ancien garage, pour les installer rue Joseph Rey !
Le déménagement aura finalement lieu en février 2005. Ce sera une opération gigantesque nécessitant une noria de camions : pendant plus de trois jours, une équipe charge d’un côté tandis qu’une autre équipe décharge de l’autre… L'ACONIT a fait appel à des intérimaires pour préparer le colisage, mais le gros du travail de rangement a reposé essentiellement sur Flore, Cécile et les bénévoles de l’association. À la fin du déménagement des grosses machines, nous avons constaté qu’il était absolument impossible de circuler au rez-de-chaussée, les allées soigneusement « réservées » ayant toutes été envahies. Nous avons passé des journées entières à jouer au jeu de taquin pour arriver à rétablir une circulation et mettre en valeur les plus belles pièces. Chaque machine a été déplacée au moins deux fois, à grand renfort de transpalettes et de gros bras.
Curieusement, le déménagement va profiter à l’inventaire : au fur et à mesure que les grosses machines sont dégagées pour être emportées, une bonne partie d'entre elles va pouvoir être marquée et photographiée !
Vue partielle du hall des grandes machines de l'ACONIT (copyright ACONIT)
Stabilisation de la situation et améliorations des outils
La même année, deux modifications importantes de DBAconit vont être préparées par Hans Pufal. D’une part, la possibilité de gérer simultanément plusieurs bases sur le même serveur, ce qui nous permet de gérer en parallèle la base informatique de la collection ACONIT et une autre base, dénommée PSTC, mise à la disposition des laboratoires et collections industrielles de l'agglomération grenobloise et destinée à recevoir les objets scientifiques. D’autre part, Hans dote le logiciel d’un mécanisme d’export de fiches informatiques en format XML, ce qui va permettre d’envoyer chaque année plus de 100 fiches accompagnées de leurs médias associés enrichir la base nationale.
Exemple d'affichage de la cascade des liens unissant plusieurs fiches (copyright ACONIT)
Une autre amélioration très importante est l’affichage des liens entre objets. Un problème a priori facile, et sous-traité de ce fait à un stagiaire. Finalement, Philippe Denoyelle aura fait le travail deux fois : une fois pour expliquer au stagiaire comment opérer pas à pas, puis une seconde pour ré-écrire tout le programme correctement ! Mais cet outil était fondamental pour l’esprit même de DBAconit : la base permet en effet d’attacher à un objet maître tous ses sous-ensembles (documentation et logiciels) sur plusieurs niveaux répartis en cascade. Cet affichage s'avère être un outil précieux au quotidien pour la gestion des recherches sur les objets de la collection.
D'autres améliorations de DBAconit se sont ensuite poursuivies au fil des années. Certaines sont liées aux évolutions naturelles des outils. Pour exemple, le système étant resté sur un serveur local durant quelques années, le vieux PC Linux a été remplacé par un Mac avec télémaintenance depuis le domicile de Philippe Denoyelle. Lorsque nous avons pu disposer d’une liaison ADSL performante (pour l’époque), il n’y avait plus de raisons de maintenir le serveur local et nous avons ainsi pu transférer l'intégralité de notre système sur le serveur commercial d'OVH. À partir de ce moment-là, tous les collaborateurs de l'ACONIT ou de nos partenaires extérieurs purent disposer d'un accès direct et permanent à la base.
Bien entendu, il a fallu, au fil des années, suivre les évolutions des différentes versions de PHP et de MySQL. Mais aussi répondre en continu à un souci d'amélioration de l’ergonomie du système : mieux présenter les écrans, limiter le nombre de clics par fonction, ajouter des tableaux d’avancement de l’état des fiches, créer des profils d'utilisateurs permettant à chacun de retrouver ses réglages session après session…
Quelques stagiaires ont travaillé efficacement sur des fonctions auxiliaires que nous souhaitions étudier. Citons en particulier les quatre étudiants de l’ENSIMAG, Nadia Cerezo et ses amis, qui, en 2008, ont doté DBAconit d’un serveur WEBservice permettant la communication directe entre deux ordinateurs. Et très naturellement, cela a conduit Arnaud Adamy à développer en 2010 un Portail Multibases très professionnel, capable d’interroger plusieurs serveurs indépendants pour des recherches en parallèle dans diverses collections des musées de Sciences et Techniques.
La valorisation de la collection
On a parfois reproché à l'ACONIT de « stocker de vieilles ferrailles »… Raison pour laquelle il a toujours été d'une importance cruciale pour l'association de mettre en valeur notre collection et ses contenus afférents par tous les moyens possibles. Ni les locaux ni nos finances ne permettant l’aménagement d’un véritable musée, nous avons organisé l'espace en « réserves visitables » et avons accueilli, année après année, plusieurs dizaines de milliers de visiteurs, assez ébahis par la diversité de la collection et par l’étendue des connaissances affichées par nos bénévoles ! Mais ces visites ne remplissaient qu'une partie de notre mission.
Aussi, au fil des ans, l'ACONIT a-t-elle monté des expositions de tailles variables, dans le cadre d'événements de la vie scientifique grenobloise. Par la suite, l'association éprouva le besoin de réaliser une exposition majeure, dans le but de mettre pleinement en valeur la portée de sa collection. Flore nous avait quitté pour mener sa carrière d’attaché de conservation à la DRAC-Alsace, après nous avoir légué un système de codification de la position des objets qui est toujours en vigueur. Ce sera donc Constance Cazenave qui, de 2008 à 2010, pilotera le projet de l’exposition mobile appelé Au doigt et à l’Œil, axée sur l’évolution de la relation entre l’homme et la machine. Sept modules principaux, une centaine d’objets, des panneaux de présentation clairs, des vidéos… Cette exposition a été présentée deux fois à Grenoble et a attiré plusieurs dizaine de milliers de visiteurs à Mulhouse, Nice, Toulon… Elle continue à être utilisée, entière ou par éléments, dans diverses manifestations ou lieux d'exposition.
En marge des ces actions de terrain, dans le cadre d’une association dédiée à l’évolution de l'informatique et du numérique, il nous apparaissait naturel d'organiser aussi sa valorisation avec le support d'Internet. Les outils de recherche tels que Google explorent bien les sites web, mais ne savent pas entrer dans une base de données d'inventaire. Il faut donc au préalable pourvoir « extraire » les objets des bases pour être à même de les présenter. Ceci nous a conduit à imaginer une forme de musée virtuel. En 2011, Philippe Denoyelle va créer le logiciel Dbgalerie, directement associé à DBAconit : l’image du musée virtuel s'y décline en une succession de halls, galeries, salles, vitrines avec cartels et ensembles d'objets mis en perspective. Tous les éléments qui remplissent ces vitrines proviennent directement des bases de données avec leurs noms, dates, photos et descriptions. Les deux outils ainsi créés restent structurellement liés.
Deux vitrines des salles Mécanographie et Mémoires de la Galerie Informatique : les libellés en vert sont des liens qui ouvrent les fiches objets correspondantes dans un nouvel onglet (copyright ACONIT)
Dès le départ, quelques 400 objets sont ainsi « mis en vitrines ». Le résultat est immédiat : de nombreuses recherches Google conduisent désormais vers la présentation des objets dans Dbgalerie et le nombre de visites de nos sites explose. Deux ans plus tard, une nouvelle innovation viendra compléter le dispositif : les galeries proposent alors des visites du musée virtuel en autonomie ; mais comme la plupart des visiteurs sont en demande d’informations plus générales, il leur faut un guide. Cela va conduire à créer en parallèle un mode Parcours où le visiteur est guidé d’objet en objet, suivant une approche qui est devenue thématique, enrichies des textes historiques et techniques d’accompagnement.
Plus tard, cette compilation de contenus prenant de l'envergure (1,7 téraoctets en 2022, médias compris), le système DBAconit nécessitera d'être sécurisé. Un archivage automatisé, médiathèque comprise, est mis en place en interne sur un serveur de type Xserve (Apple).
Inventaire et récolement
Durant plusieurs années, l'ACONIT va faire appel à des emplois jeunes pour occuper le poste de chargé de collection. Ce seront des jeunes femmes diplômées qui vont travailler avec nous deux à trois ans et utiliser cet emploi comme tremplin vers des postes plus importants. Nous avons déjà cité Murielle, Agnès, Flore, Cécile, Constance ; citons encore Stéphanie Lagasse, qui poursuivra sa carrière vers le musée Hydrelec d'EDF, à Vaujany (Isère). Chacune avec son tempérament et ses connaissances particulières va faire progresser l’inventaire.
Le travail est double : il faut à la fois enregistrer et classer les objets reçus en dons (parfois directement déposés devant les portes de l'association !), mais aussi compléter l’inventaire et les fiches de la collection antérieure à la création de DBAconit. Très vite, nous sommes conscients de la nécessité de sélectionner les dons. Ce sera l’objet, dès 2005, d’un Protocole d’acquisition, révisé à plusieurs reprises. Par exemple, nous placerons un moratoire pour limiter les acquisitions de clones de PC, puis bloquerons les entrées d’écrans cathodiques et d’imprimantes à aiguilles, de valeur informative tout à fait secondaire.
Avec la fin des emplois jeunes, nous avons fait appel à des candidats plus expérimentés... D’abord Laurent Pernot, qui nous apportera ses connaissances en matériel électronique, puis Matthieu Saro, avec ses compétences en programmation. C’est Matthieu qui reprendra l’ensemble des fonctions d’affichage des médias, avec extension aux fichiers de formats pdf, vidéo et sons. Ensuite, l’arrivée de Xavier Hiron va nous faire franchir une nouvelle étape. Xavier est archéologue de formation et a été conservateur-restaurateur de collections archéologiques en transit vers les Musées de France, à ARC-Nucléart, durant vingt ans. Il a ensuite travaillé sur l’importante collection du Musée grenoblois des Sciences médicales. Il a donc réellement pratiqué la gestion de collections importantes en nombre et s'attellera à mettre de l’ordre dans nos méthodes et procédures.
Parallèlement, l'ACONIT travaille de plus en plus en liaison avec l’Université Grenoble-Alpes, et le projet de transfert du cœur de la collection sur le Campus universitaire de Saint-Martin d'Hères fait son chemin. Pour cela, il faut pouvoir sélectionner les objets utiles et, par voie de conséquence, savoir exactement ce nous possédons. À la demande et avec l'appui de la Métro et du Département du l'Isère, nous avons lancé le projet de récolement intégral de la collection. Sous la conduite de Xavier Hiron, nous avons fait appel à plusieurs stagiaires et à nos bénévoles pour mettre en place un travail acharné sur 20 mois. Pour faciliter autant que possible le travail d'identification, un mode Récolement a été ajouté dans DBAconit, ce qui va permettre d’accéder plus vite aux informations majeures de localisation et d'opérer un pré-classement de la valeur patrimoniale des objets.
Dans un temps si court (oui, court !), il n’est pas possible de vider toutes les caisses (en particulier les logiciels et les livres) et de faire des fiches individuelles pour chaque objet non encore inventorié. Nous sommes amenés à officialiser la notion de « lots », ce qui présente l’avantage d'en identifier les contenus de façon générique. En conséquence de quoi, quand la base de données Informatique déclare 15 000 fiches, il faut compter en réalité un total estimé de 30 000 objets élémentaires (appelés items).
Partenariats et diffusion de DBAconit
Le Musée grenoblois des Sciences médicales (MGSM), que Xavier connaît bien pour avoir inventorié la quasi totalité des 4 500 pièces de sa collection, a en projet de doter chacun de ces objets d’un code barre, afin d'en faciliter le repérage. Mais comment associer ce code barre à un inventaire composé de plusieurs énormes fichiers de type Excel ? Peu à peu apparaît l’idée d’un partenariat entre le MGSM et l'ACONIT qui se concrétisera en 2018-2019 dans le cadre d'un financement lié à l'IDEX de la Comue (Communauté universitaire d'établissements) de Grenoble.
Pour rendre cette action possible, le système DBAconit est placé sous licence logiciel libre CeCILL (CEA, CNRS, INRIA) et une base de données dédiée est transférée auprès du MGSM, via son site Internet. ACONIT, qui continue d'en assurer la maintenance, développe l’interface et les commandes permettant de traiter les codes-barres dans DBAconit (fonctions inventaire, mouvement, etc.). Le MGSM paie simplement les frais d’installation et les frais liés au transfert des fichiers Excel vers les fiches individualisées dans DBAconit, version MGSM. Début 2020, la base de données du MGSM contient près de 5 000 fiches : objets et appareils médicaux, documents et plans.
Indépendamment des codes barres, d’autres extensions de DBAconit vont apparaître nécessaires. Certaines sont d’ailleurs envisagées depuis longtemps mais leur mise en œuvre avait été reportée par manque de disponibilité :
- Il faut individualiser la notion d’établissement, en donnant la possibilité à chaque établissement de se doter d'une numérotation propre.
- Deux types de numérotation sont possibles : le format numérique simple, avec indices, ou le format Musées de France, adopté par le MGSM, qui inclut la notion de séries (année + lot).
- Il faut aussi gérer la notion de bâtiments (localisation) associée à chaque établissement. Une cote de localisation d’objets est propre à chaque établissement et inclut les bâtiments correspondants.
Bien que ces améliorations entraînent plusieurs grosses modifications de l'organisation des bases de données gérées par Philippe Denoyelle et d'amples adaptations des données elles-mêmes, suivies par Xavier Hiron, la structure du logiciel DBAconit va permettre de les réaliser rapidement.
Le succès de cette opération de partenariat entre l'ACONIT et le MGSM va amener l’Université Grenoble-Alpes (UGA) à envisager elle aussi de mettre en place son propre partenariat. L’UGA s'est dotée depuis 2019 d’une cellule Patrimoine universitaire qui a besoin d’un outil d'inventaire dédié. L'ACONIT propose de mettre à la disposition de l’UGA, sur son propre serveur OVH, une base de données expérimentale dénommée Bac_à_sable qui permet tous les essais. Après quelques mois d’études, un protocole d'accord est trouvé. Début 2020, le service informatique de l’UGA prend en charge une copie de DBAconit sous licence libre et l’UGA peut ainsi créer et maintenir sa propre base de données patrimoniale.
En mars 2020, il existe donc cinq bases de données distinctes fonctionnant sous logiciel DBAconit : trois sont directement gérées par l'ACONIT (Informatique, Sciences et technique, ainsi qu'une base d'essais), une est gérée pour le MGSM sur un serveur public, la dernière est gérée par l’UGA sur serveur privé.
Le « Désherbage », devenu Tri sélectif…
Une part importante du budget de l’ACONIT provient des collectivités territoriales locales : la communauté de communes, dénommée Métro, associée au Département de l'Isère. Dans le cadre des grandes réorganisations projetées (répartition administratives des compétences, relogement éventuel de la collection) apparaît une demande nouvelle : réduire le volume de la collection, afin de lui conférer une meilleure lisibilité. Malgré les preuves données de notre activité de haut rendement au fil des années au travers de multiples conférences, expositions dans les établissements d'enseignement, installations dans les halls d’entrée de bâtiments publics, etc., se retrouve mis en avant le reproche : « Vous développez une activité de spécialistes qui ne s'adresse qu'aux spécialistes ». Cette position, à laquelle l'ACONIT elle-même n'est pas insensible – même si elle regrette la difficulté de faire admettre la nouveauté et la spécificité d'un patrimoine émergent -, sous-entend que l'étape d'inventaire doit avoir une suite logique. Une fois le récolement terminé, il devient nécessaire de caractériser la valeur patrimoniale de chaque objet conservé et d’envisager de n'en sélectionner que la partie représentative (soit environ les 2/3), comme dans le cadre d'un désherbage régulièrement pratiqué par les bibliothèques.
C’est une opération au long cours, car elle oblige de s’intéresser à chacun des 30 000 objets individuellement, et éventuellement de poursuivre la caractérisation des lots. Bien entendu, DBAconit est à nouveau impliquée, car son système reste le support logistique de cette nouvelle opération. Le pavé Récolement devient un pavé Désherbage. On repart, pour les adapter, des notions de critères et de nouvelles positions apparues lors du récolement, précisées par un ensemble de neuf pondérations (rareté, état, doublon…). Des écrans supplémentaires sont créés pour manipuler facilement ces éléments et permettre des vues comparatives globales ou par ensembles.
Deux tableaux permettent de juger de la répartition en dix critères et les 26 nouvelles positions deviennent une répartition thématique théorique recoupée par des regroupements de destination en collection princeps, réserves – ou ressources -, ré-orientation - ou évacuation. Une liste pondérée permet de classer les objets en raison d’une formule de calcul basée sur les critères et les pondérations. Les valeurs vont de +50 (par exemple pour les objets déjà repérés comme historiques) jusqu’à -30 pour les quelques ruines entrées dans nos collections par erreur !
Tous les bénévoles de l’ACONIT sont, une fois encore, au travail, sous les conseils et la coordination efficace de Xavier. La tâche se révèle très astreignante, longue et répétitive. Enthousiasmante quand nous reclassons vers le haut un bel objet qui a pu être un peu négligé ces dernières années. Désespérante quand il faut se décider à déclasser des doublons (ou multiples…) également intéressants, en espérant que nous leur trouverons des destinataires intéressés, musées ou particuliers, pour prendre en charge ce que nous ne pouvons plus conserver. Un rapport détaillé de 20 pages à l'adresse des institutions parties prenantes du projet Collection de l'ACONIT en traces les enseignements dans les grandes lignes, actuellement en attente d'exploitation.
Ainsi va la vie d’une collection…
Conclusions et perspectives :
Depuis 20 ans, le système DBAconit (logiciel de bases d'inventaire accompagnées de leurs annexes de communication, Galeries et Parcours) est devenu un outil de travail quotidien pour l'ACONIT et ses partenaires. Aujourd'hui, l'esquisse de Musée virtuel que constituent les Galeries et Parcours nécessite d'évoluer vers une programmation orientée objet pour permettre une exploitation adaptée à l'environnement Internet de demain. Un projet de recherche est actuellement à l'étude par l'Université Grenoble-Alpes pour intégrer à cette démarche des outils techniques de nouvelle génération et développer les traitements de contenus dont est porteuse la collection : histoire des composants, des langages et des logiciels associés par exemple. Le futur de l'ACONIT est-il déjà en train de s'écrire... ?
Remerciements :
Nous remercions chaleureusement tous ceux qui ont contribué au développement et à l'enrichissement de cet outil d'étude, dont les précieux contenus sont désormais partagés dans le monde entier.
(pour avoir une idée de la cohérence du projet global de gestion et d'archivage des données par les outils et moyens dédiés de l'ACONIT, voir l'article sur l'archivage numérique des logiciels)