Le parcours de l’eau

Publié par Encyclopédie Environnement, le 14 janvier 2019   8.1k

Rien de plus facile que d’ouvrir un robinet pour avoir de l’eau potable, mais d’où vient-elle, comment a-t-elle été amenée ? Quels processus ont été mis en œuvre aboutir à une eau de qualité garantie ? Après usage de cette eau et son évacuation dans les égouts où elle rejoint d’autres eaux usées, qu’en fait-on avant de la rejeter dans la nature ?


De quelles ressources disposons-nous ?

L’eau sur Terre se décompose en eau bleue qui coule dans les rivières et dans les nappes, et eau verte, stockée dans les sols après la pluie, puis reprise et transpirée par la végétation.  La part de cette ressource que consomme l’humanité est modeste : 7% de l’eau bleue et 9% de l’eau verte. Mais les répartitions sur Terre des populations et de la ressource en eau diffèrent fortement (voir notre article "Risquons-nous d'avoir une pénurie d'eau?"). L’eau agricole est le terme dominant de cette consommation, et de nombreux pays sont encore incapables d’alimenter leurs populations en eau potable tout comme de produire leur nourriture. Outre la réduction des gaspillages de nouvelles sources sont donc recherchées, soit du côté dessalement de l’eau de mer, soit  du côté traitement des eaux usées (les eaux grises).

 

L'eau dans les roches calcaires

Le karst est une formation géologique présente dans les roches carbonatées, calcaires et dolomies. Souvent décrit comme un paysage, c’est avant tout un aquifère, formation dans laquelle l’eau souterraine s’accumule, circule et émerge à des sources parfois importantes. Il constitue des réservoirs d’eaux souterraines remarquables et très particuliers. En France, ces formations karstiques occupent 35 % de la surface du territoire, ce qui leur fait jouer un rôle majeur quant aux ressources en eau : leur contribution représente 40 % de toute l’alimentation en eau potable des français. On estime qu’environ  25 % de la population mondiale est  alimentée en eau domestique par de l’eau souterraine prélevée dans le karst.  

 

Source du Lison (Doubs) [Source : © M. Bakalowicz]


L’intérêt économique des aquifères karstiques ne se limite pas à la consommation d’eau potable. Il recouvre aussi l’irrigation et l’industrie, ainsi que de très nombreuses sources thermo-minérales. En outre, le karst est fréquemment le siège de gisements pétroliers, comme ceux de la plate-forme arabique. Il peut également renfermer des minerais métalliques (aluminium, fer, plomb et zinc). Enfin ses grottes et ses failles posent des problèmes lors des travaux de génie civil (tunnels, barrages).


Les eaux de surface

Les rivières et les lacs sont également des lieux de prélèvement. Ces ressources sont toutefois sujettes à des pollutions importantes, en particulier par le phosphore provenant notamment des engrais, des détergents et de la chaine alimentaire. Ce phosphore est en grande partie responsable de la prolifération et de la décomposition des algues dans les cours d’eau, les lacs et les zones côtières. Son introduction récente et massive dans les milieux aquatiques est due à l’érosion des terres cultivées (sources diffuses) et à l’augmentation des eaux usées domestiques (sources ponctuelles).

Des stocks importants de phosphore se sont ainsi constitués dans les sols agricoles sur-fertilisés ou dans les sédiments des rivières et ont engendré des nuisances dues à la prolifération d’algues qui produisent des toxines. Ces algues toxiques ont des impacts onéreux sur les zones de baignade et pour la production d’eau potable (obstruction des filtres de pompage, établissement de faune parasitaire dans les réseaux, développement de goûts et d’odeurs incompatibles avec les exigences des consommateurs). La réduction des apports ponctuels, par exemple les produits lessiviels, a déjà permis la restauration de milieux lacustres, comme le Lac Léman. Pour les sols agricoles, la mise en place de bandes enherbées permet  de limiter les apports diffus, mais il s’agit de très longs processus de restauration.

Développement algal à proximité d’un rejet d’eaux usées


Le traitement des eaux

C’est au 19e siècle qu’a été mise en évidence la relation entre les grandes épidémies européennes de choléra ou de fièvre typhoïde et la pollution des eaux d’égouts. Les progrès des techniques de traitement, depuis la chloration, l’ozonation, jusqu’à la filtration par membranes ont conduit à de grandes avancées dans l’élimination des germes pathogènes et des molécules toxiques. Les méthodes de traitement par fermentation et filtration ont progressivement permis de faire  face aux nuisances résultant de l’évacuation des eaux urbaines dans des champs d’épandage. Certaines, utilisées au niveau des grandes stations urbaines par filtration, décantation, boues activées, procèdent par voie biologique. D’autres, adaptées aux petites communautés, procèdent par lagunage et filtres à roseaux. Les stations d’épuration du futur tendent à devenir de véritables usines de valorisation des eaux usées. Tout en permettant de réutiliser les eaux usées, elles produisent de l’énergie verte, des matières fertilisantes et des métaux précieux.


Station d’épuration d’Antwerp-Zuid [Source : Annabel [CC BY-SA 3.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)], from Wikimedia Commons]


À l’exception des eaux minérales, ce merveilleux liquide ne peut donc pas être consommé sans  un traitement préalable. En outre, les eaux usées domestiques et industrielles doivent aussi être traitées avant leur rejet dans la nature. Ces deux  problématiques, bien différentes, peuvent nécessiter des investissements importants.  

 

Règlementation et facturation de l'eau

La filière de distribution et les obligations du traiteur d’eau (sans saveur et sans gout de chlore) sont réglementées par la Directive Européenne de 1998 et le code de santé publique de 2003,  qui impliquent des contrôles réguliers. Néanmoins, des aléas sur la ressource disponible, en quantité et en qualité, sont liés au changement climatique.  Celui-ci, imprévu au siècle dernier, impose maintenant le développement rapide d’un plan d’adaptation.



 
Au bout du compte, après avoir été captée, puis traitée, l’eau est distribuée par un système de conduites aussi étanches que possible pour arriver chez l’utilisateur individuel, d’où elle repart vers de nouvelles étapes de traitement avant de revenir dans le milieu naturel. Désormais, l’utilisateur est lié à  un opérateur de distribution qui lui facture à la fois le volume utilisé et une quote-part des frais d’infrastructure et de service. Le compteur d’eau inscrit donc ce qui était initialement un bien commun dans l’échange marchand.


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Ce travail a été réalisé grâce au soutien financier d'UGA Éditions dans le cadre du programme "Investissement d'avenir", géré par l'Agence nationale de la Recherche.

*Image de couverture : Pixabay, libre de droits.




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