Prototype d’un jardin scientifique itinérant du Lautaret - en avant les CCST !

Publié par Nolane Langlois, le 9 novembre 2022   670

Depuis plus d’un siècle, le Jardin est un haut lieu de recherche...

Créé en 1899 par Jean-Paul Lachmann, le Jardin du Lautaret est un espace de présentation, d’études, de protection des plantes de montagne du monde entier. Situé en face à 2100 m d’altitude, en face du glacier de la Meije, le Jardin est ouvert tous les étés, du 1er week-end de juin au 1er week-end de septembre. Afin de mener à bien ses missions et de sensibiliser le public, le Jardin du Lautaret dispose d’un espace muséographique. Celui-ci retrace l’histoire du lieu, les expérimentations scientifiques qui y sont menées mais également les impacts des changements climatiques sur la flore et les écosystèmes alpins.

... Qui valorise ses actions scientifiques

Bien que récemment rénové, la configuration de cet espace ne permet pas d'exploiter pleinement le potentiel des contenus proposés. En effet, dans la pratique, il semble un simple lieu de passage entre l’entrée du Jardin et l’espace extérieur (le jardin, à proprement parler). Les visiteurs et visiteuses ont plutôt tendance à ne retenir que l’aspect esthétique du jardin, jusqu’à en oublier qu’il est également un haut lieu de recherche sur la flore alpine. 

Pour valoriser ces recherches, Céline Boudard, chargée de communication au Jardin du Lautaret, a fait appel aux étudiant·es du master CCST - Communication et Culture Scientifiques et Techniques - de l’UGA dont nous faisons partie. Ainsi, du 10 au 13 octobre 2022, nous avons activement travaillé dans le but de répondre à la problématique suivante : Comment faire comprendre que le jardin du Lautaret est un haut lieu de la science et non pas qu'un joli jardin ?”

Un hackathon pour libérer notre créativité

Cette semaine a été imaginée comme un hackathon. Nous avions du lundi au jeudi inclus pour présenter nos prototypes à Laura Schlenker, Mikaël Chambru – nos deux enseignant·es, ainsi que deux représentantes du Jardin du Lautaret.

Quoi de mieux que d’aller directement au Jardin pour saisir son potentiel et les enjeux autour de sa valorisation ? L’équipe CCST s’est donc rendue sur place du lundi au mardi et s’est ensuite répartie en quatre groupes pour élaborer les projets. 

C’est en explorant le Jardin et ses différentes structures, comme son espace muséographique, que des problématiques ont commencé à se dessiner. Le tout accompagné d’exercices créatifs en groupe, les idées ont vite fusé !

© Amandine Kuhn

Quatre projets pour valoriser le Jardin 

Les propositions les plus plébiscitées ont été ensuite été attribuées aux quatre groupes :

  • L’équipe Van der Wall : elle s’est occupée de repenser l’espace muséographique – surtout le panneau introduisant la démarche scientifique
  • L’équipe Un ou deux Maux : elle a imaginé un escape game dans le jardin, dont la première partie se déroulerait au sein de l’espace muséographique
  • L’équipe les Manivelles : elle s’est projetée dans la conception d’une mallette pédagogique, clef en main pour que des médiateurs puissent faire des animations dans des classes de primaire.
  • L’équipe Cactus (c’est nous !) : nous avons imaginé la première tournée d’un camion itinérant aux couleurs du Jardin pour le valoriser dans la région et inviter les habitant·es à s’y rendre.

À la fin de ces deux jours, nous avons présenté à Céline Boudard notre proposition pour le Jardin. Le but ? Décrire rapidement le projet, donner des informations sur sa localisation, sa temporalité, son contenu, sa faisabilité, etc. pour avoir des retours en direct. Cela nous a permis de nous aiguiller pour la création de nos prototypes les jours suivants.

A la MaCI : en avant les prototypes !

Pour cette étape, nous nous sommes retrouvé·es à la MaCI – Maison de la Création et de l'Innovation de Saint-Martin-d’Hères, le mercredi et jeudi. 

Léo : le design du camion

Durant la phase de prototypage, nous nous sommes chargé·es d’imaginer le design et l’agencement du camion qui serait utilisé pour réaliser la tournée. Après avoir présenté une première fois notre idée à Céline, cette dernière nous a indiqué que le Jardin n’avait pas les moyens de se procurer un tel camion, et quand bien même il le pouvait, il serait nécessaire de le stocker ce qui est également impossible dans l’état actuel des choses. 

Ainsi, nous nous sommes tourné·es vers des entreprises qui proposent à la location des véhicules aménagés et aménageables pour ce type d’évènements. Plusieurs modèles étant proposés, nous avons opté pour un Peugeot Boxer dont la surface d’exposition utilisable est de 30 m², ce qui nous a semblé suffisant au vu de l’utilisation que nous souhaitions en faire. D’autant plus que ce modèle était déjà utilisé par de grandes entreprises (notamment Citroën, Haribo,…) pour en faire la publicité.
Le camion choisi, il faut maintenant en faire le design. À l’aide de Photoshop, nous avons utilisé une des images que nous avons modifié afin d’y faire apparaître le logo du Jardin ainsi que celui de ses deux tutelles, le CNRS et l’UGA. Nous avons  également ajouté le slogan de notre tournée sur le côté du camion, qui s’inspire du slogan actuel du Jardin.

© Podiocom, design ajouté par Léo Bonnet

Enfin, grâce au logiciel SketchUp, nous avons commencé la schématisation de l’intérieur du camion. Par manque de temps, celle-ci n’est que sommaire, mais permet de visualiser globalement la manière dont l’espace est agencé. Ainsi, les tables et les microscopes utilisés dans le cadre des animations sont présents, tout comme les nouveaux kakémonos accueillant les visiteurs et visiteuses. Le reste de l’espace, notamment les murs, pourront être recouverts d’éléments de présentation du Jardin du Lautaret, comme des infographies, des photos, etc.

Julien : l’animation

Afin que nos commanditaires puissent davantage visualiser quel genre d’activité le camion pourrait proposer, nous avons développé un prototype d’animation qui porte sur un phénomène étrange étudié au Jardin, le sang des glaciers.

© ​​JARDIN DU LAUTARET/UGA/CNRS/Jean-Gabriel Valay

L’atelier propose au public de se mettre dans la peau d’un ou d’une chercheur·e du Jardin du Lautaret et de suivre la méthode scientifique afin d’étudier et d’en apprendre plus sur ce phénomène, pour mettre en valeur la recherche et la nature scientifique du Jardin.

Après avoir observé au microscope les algues responsables de la teinte rouge des glaces, le public est invité à discuter et à émettre des hypothèses concernant les conséquences de la présence de ces algues sur l’écosystème montagneux. Les animateurs et animatrices amèneraient la réflexion sur l’absorption et le réfléchissement de la lumière en fonction de la couleur du matériau, propriété nommée albédo.

Continuant de suivre les étapes de la méthode scientifique à la lettre, le public réalisera une expérience, analysera les résultats et tirera la conclusion que la présence des algues modifie la couleur de la neige, ce qui modifie sa capacité réfléchissante et entraîne une absorption plus grande de lumière, donc d’énergie et donc de chaleur !

Guillaume : le scripto visuel

Un autre de nos objectifs était que notre camion promeuve les recherches scientifiques du Jardin du Lautaret, même lorsque l’on ne participe pas à une animation. Pour cela quoi de mieux que 2 kakemonos qui pourront être installés devant l’entrée de notre camion (comme vous pouvez le voir dans notre modélisation du camion).

Afin de les réaliser, nous avons pu utiliser les grands tableaux présents dans la salle afin de placer les informations. L’étape suivante fut de designer ces kakemonos en utilisant les éléments visuels de communication déjà existant du Jardin du Lautaret. 

Ces affiches permettront de présenter le jardin botanique, mais également l’histoire du lieu ainsi que l’espace muséographique. Le deuxième kakemono se focalise sur la recherche en présentant des études réalisées au Jardin du Lautaret et notamment l’étude servant de base à l’animation présentée dans le camion. Ce kakemono présente également quatre portraits de chercheurs et chercheuses.

Exemple d'un des kakemonos. © Guillaume Froment

Ces deux kakemonos pourront être complétés par les affiches que possède déjà le Jardin. S’il n’y a pas d’animation en cours dans le camion l’animateur ou l’animatrice pourra rester devant le camion afin de détailler au passant le contenu de ces kakemonos.

Nolane : la carte de la tournée

Le but était de pouvoir visualiser la première tournée de ce jardin itinérant. La visualiser dans l’espace, avec nos étapes indiquées sur une carte, et dans le temps, avec un calendrier.

Nous avons imaginé un prototype s’étalant sur deux semaines et demie, à partir du 19 mai jusqu’au 4 juin inclus – soit le premier week-end d’ouverture du Jardin.

Pour ce faire, nous avons récupéré une carte de l’Isère à l’office du tourisme de Grenoble. Cela nous permettait d’avoir un support concret à présenter au jury le jour J.

Nous avons ensuite sélectionné différentes villes, points touristiques, écoles, qui semblaient être des bons points d’étapes pour la tournée. 

La difficulté principale à laquelle nous avons été confronté·es fut dans le choix des points d’étapes. Effectivement, nous voulions nous appuyer sur les évènements de la région pour venir stratégiquement à certaines dates, à des endroits clés, et ainsi toucher le plus de monde. Malheureusement, nos recherches durant le mois d’octobre ne nous permettaient pas d’anticiper quels évènements allaient avoir lieu en mai 2023. Qui plus est, le mois de mai est un peu une période creuse au niveau du tourisme, période entre la saison d’hiver et d’été. Nous nous sommes donc plus intéressé·es aux lieux en tant que tels qu’aux dates auxquelles nous allions nous y rendre. 

Nous avons donc relié nos points d’étapes sur la carte pour avoir une idée visuelle du trajet de notre première tournée, accompagnée de son calendrier.

© Célia Grandadam

Dernière étape : présenter notre projet

C’est le jeudi après-midi, après plus de trois jours et demi, que notre travail a atteint sa dernière étape : la présentation de notre projet à l’oral. Les dernières minutes avant le début des oraux des différents groupes nous ont permis de peaufiner les derniers détails de projet, et même de se créer un petit logo pour notre équipe.

© Guillaume Froment

Nous étions donc le deuxième groupe à passer, juste après une présentation bien vivante de l'équipe Manivelle. Nous avons donc tranquillement commencé avec Léo avec la présentation du projet dans sa globalité ainsi que la modélisation du camion afin d’avoir une idée de l’espace avant de continuer la présentation. Nous avons ensuite présenté notre carte de tournée du bus, notre déroulé de l’animation ainsi que les 2 kakemonos.

Notre projet étant plutôt ambitieux, nous nous sommes d’abord retrouvés devant la question du coût d’un tel projet. Nous avions pu trouver différentes estimations du coût d’un tel projet mais il reste compliqué à estimer sans faire de devis. La deuxième question s'est alors orientée sur les publics visés par ce projet. En effet, ce genre de projet peut toucher des publics biens différents, mais il reste important de définir une cible précise afin d’optimiser ce projet ainsi que ses stratégies de communication. Un autre paramètre entrant en compte dans le choix des cibles visées est lié au lieu où la tournée mènera notre bus. Pour les arrêts dans des festivals ou des marchés locaux, ce sont des publics plutôt familiaux qui seront présents alors que pour un arrêt au campus Saint-Martin d’Hères de l’Université Grenoble-Alpes ce seront plutôt des étudiant·es. Il faudra donc pouvoir adapter la communication sur le passage du bus (affichage en Mairie, devant les collèges pour les arrêts dans les marchés locaux, sur les lieux de passage du campus, etc.) mais également adapter l’animation et le niveau de vulgarisation.

Une semaine en accéléré pour libérer la créativité 

Ces quelques jours de hackathon ont été très intenses. Nous n’avions aucune idée de à quoi nous attendre mais nous nous sommes très vite adapté·es à la demande. Il était intéressant et amusant de voir toutes les propositions que l’on pouvait apporter et encore plus de développer au maximum certaines idées qui semblaient irréalisables. Nous avons gagné en expérience en travaux collectifs et appris que l’on pouvait aller dans une direction qui convient à tout le monde et s’entraider.  Le facteur temps nous a beaucoup limité, mais a également été source de motivation qui nous a poussé à l’action tout au long de cette semaine. Nous sommes tous et toutes fier·es des travaux que l’on a produits.