Workshop FIBRA #1 - Volume hybride, structure et remplissage

Publié par Echosciences Grenoble, le 11 décembre 2019   1.5k

Notre équipe est constituée de trois étudiantes de M2 Design et innovation pour l’architecture, qui viennent d'autant de pays différents : Sooyeon Lee, Designer Coréenne, Emna Choukatli, Architecte d’intérieur Tunisienne et Nhu Quynh Luong, Architecte d’intérieur Vietnamienne.

Concept et déroulement

Notre contrainte consistait en la création d'un volume hybridé à partir d’une structure avec un remplissage de matière. Nous avons commencé par mélanger le grillage avec d’autres matières tels que le rotin et la laine.


Nous avons ensuite plutôt opté pour une structure métallique souple avec remplissage d’une seule matière, la moelle et la canne du rotin. Nous avons essayé à chaque fois de créer une sorte de dynamisme et de graphisme dans le tissage. L'ajout de couleurs était un élément facultatif pour nous.

Les deux premiers jours du workshop ont consisté en une phase d’exploration, une première rencontre avec les matières, accompagnées par le vannier Henry Piat. Savoir connaitre, manier, toucher et expérimenter les fibres était un passage nécessaire voire inévitable afin de pouvoir commencer à concrétiser notre volume à partir des croquis, des dessins et des formes en passant par des moments de divergences et de convergences.

Les deux derniers jours du workshop ont été consacrés à une phase de réalisation et de délivrance de notre prototype, une phase de production, de travail à la chaîne, au niveau de la pratique, la répartition des tâches et les différentes situations inhérentes et contraintes auxquelles nous allons faire face.

Le résultat est une structure métallique au milieu du cadre rempli de fibres tissées, travaillées avec la technique du trempage, et des branches de fibres en vrac installées des deux côté. Le cadre laisse croire à une métaphore visuelle, naissance des fibres à partir de ce cadre en bois et qui se prolongent dans la structure métallique afin de créer un remplissage, une sorte de connexion, avec les autre fibres, les files de chaines et par la suite peuvent créer une sorte de graphisme et motif de chaque côté.


Déroulé, jour par jour

Jour 1

Le matin était consacré à la restitution de notre phase exploratoire de chaque thématique et l'après-midi à la présentation du workshop. Nous avons assisté à la présentation de Marion Sabourdy, Responsable éditoriale d'Echosciences Grenoble, sur le sujet de la documentation, en présence d'Aurélie Vissac et Basile Cloquet de l’équipe AMACO, puis nous avons rencontré Henri Piat, vannier, qui nous a dévoilé certains de ses travaux avec les matières en fibres (osier, rotin, paille, bambou, roseau et laine) et nous a présenté les différentes manière de les manipuler. Nous avons pu faire circuler les différents matériaux, bruts ou traités, entre les étudiants, pour les toucher et les sentir. La journée s'est terminée avec la formation de 8 groupes de 3 personnes et les dessins des premières idées de prototypes.


Jour 2

Cette journée est consacrée à une phase d'exploration de la matière dans l’atelier, où nous avons essayé de toucher, manier et expérimenter différentes techniques (trempage, tissage, tressage...) créant ainsi un volume hybride dont on explore la combinaison de différentes fibres. Le début de la matinée était consacré à la réalisation de croquis et au début de manipulation de matière. Nous avons créé un prototype 2D avec différentes fibres en assemblage avec le grillage en métal. L’après -midi, une réunion avec nos encadrants Miléna, Nicolas et Arnaud a été bénéfique pour évoquer l’assemblage et la structure de notre volume, nous laissant réfléchir sur les différentes possibilités de réaliser notre idée de remplissage avec le métal. Nous nous sommes dirigées vers Nicolas pour couper et souder des morceaux de métal afin que nous commencions la réalisation du remplissage avec des fibres.


Jour 3

Journée plutôt enrichissante au niveau de la qualité du travail ! Le matin, nous avons anticipé le travail avec la moelle du rotin en faisant un gabarit de différentes déformation de la matière. 


L’après-midi, une fois la soudure de la structure en métal réalisée, nous avons mis la canne de rotin pour le remplissage vertical de la structure et construit les fils de chaîne pour cacher la ferraille. Nous avons ensuite réfléchi à la manière dont on peut enchaîner le remplissage, la technique et le sens du tissage avec un autre type de fibre, et une autre couleur de façon à obtenir un résultat captivant répondant aux critères de notre thématique.


Jour 4

Une journée intense au niveau des tâches à terminer ! La matinée était consacrée au tissage en biais de la même matière (la canne de rotin). Nous avons mis en place un travail à la chaîne : deux qui réalisaient le tissage en utilisant une aiguille à canner et une qui s'occupait des nœuds à l’extrémité en créant de multitude de fil en croisement avec les fils de chaîne avec un rythme de lignes du plus serré au plus écarté. L’après-midi, était consacrée à enchaîner notre idée de branches aléatoires issue du prolongement de chaque ligne de fibre en biais pour créer une continuité avec le cadre initial, en rajoutant par la suite une couleur plus sombre du rotin déformé lors de la matinée du jour 3. Résultat : une structure métallique au milieu du cadre rempli de fibres tissées, travaillées avec la technique du trempage, et des branches de fibres en vrac installées des deux côtés, provoquant une métaphore visuelle, une naissance des fibres à partir du cadre en bois et qui se prolongent dans la structure métallique afin de créer un remplissage, une sorte de connexion, avec les autre fibres, les fils de chaines pour par la suite créer une sorte de graphisme et motif de chaque côté.


Matériaux et techniques

Matériaux

  1. Canne de rotin (4mm, qualités variées) - La canne de rotin est utilisée pour couvrir et remplir l’objet métal. Pour le fil de chaîne, on a utilisé la canne sans peau, avec la surface assez brute, au contraire du fil de trame, la canne avec la peau brillante.
  2. Moelle de rotin ( 2,5 mm, 3 mm, 4 mm, qualités variées) - On a utilisé plusieurs diamètres et couleurs pour éviter d’avoir la même nuance. La moelle de rotin est principalement utilisée pour relier l’objet métal et le cadre noir.

Techniques

  1. Cintrage - Notre travail est composé de deux parties : côté artificiel, l’objet métal et le remplissage géométrique, et côté naturel qui relie l’objet métal et le cadre. Pour donner l’impression naturelle et organique contre le côté artificiel, on a envisagé de cintrer la moelle de rotin pour obtenir une forme fluide. Tout d’abord, on a créé plusieurs gabarits avec des planches, des vis. Ensuite, on a suffisamment mouillé la moelle de rotin (2, 3 mins au maximum, cela dépend de diamètre) et puis on l’a mis dans le gabarit. Pour le séchage, on a laissé entre 2 - 4 heures selon la température de l’atelier. On ne pouvait pas avoir la forme très précise mais le résultat de cintrage était assez satisfaisant.
  2. Cannage - Pour remplir l’objet métal, on a utilisé la technique de cannage. Pour donner la texture géométrique et raffinée, on a calculé des espaces entre les fils. Les fils de trame sont en diagonale ; ils commencent avec la densité puis, cela devient faible par intervalle. On a aussi décalé la texture de deux côté, côté gauche et droit, en conséquence lorsqu’on regarde en les superposant, il nous montre des textures complètement différents.
  3. Nœuds - Tout d’abord, on a préparé le rotin. Il y a une seule règle important: la canne de rotin doit être humidifiée avant utilisation. Cinq minutes de trempage suffisent à l’assouplir. Nœuds d'arrêt : ils servent à empêcher une corde de sortir de son trou. On utilise le nœud simple pour commencer et finir les fils de chaîne. Nœud “L’œil de Dieu”: il maintient l'éclisse toujours bien tendue pour lier solidement l'anse et la bordure. Passer ensuite l'éclisse derrière l'anse, descendre vers le cadran opposé, remonter derrière la bordure, repasser devant l'anse et redescendre vers le cadran oppose. Continuer, tourner autour de la bordure, tourner autour de l'anse et ainsi de suite...

Outils

  1. Gabarit (planche, vis, visseuse) - L'outil principal pour effectuer le cintrage. On a utilisé la vis pour fixer le rotin mais après plusieurs essais, on a conclu que le clou est plus adapté au travail de gabarit que la vis ; les rainures de vis peuvent déchirer la surface de moelle mouillée, fragile. 
  2. Couteau, ciseaux - Outils pour couper le rotin. 
  3. Perceuse (4mm) - On a fait des trous à la rainure de cadre pour implanter la moelle et la canne de rotin.
  4. Vaporisateur, bassine - Garder de l’humidité est plus important pour travailler avec le rotin. Surtout on devait régulièrement mouiller pendant le cannage ; le fil de chaîne était très serré pour ajouter le fil de trame donc pour éviter de casser la chaîne, il fallait régulièrement humidifier pendant le travail de cannage. Nos mains aussi !
  5. Scotch - Le scotch est utilisé pour fixer temporairement les rotins avant d’implanter dans le cadre pour voir et chercher la meilleure forme.
  6. Colle à bois - On a collé la moelle et le canne de rotin qui lient le cadre et l’objet métal pour éviter de bouger ou de tomber.

Bilan de l'expérience 

Il était difficile de réaliser un travail raffiné avec des matériaux qu’on n’est pas habituées à manipuler. Nous avons d’abord dû passer du temps pour comprendre les caractéristiques du rotin. Comme certains rotins n'avaient pas une qualité suffisante, nous étions obligées de travailler lentement et avec patience sinon le rotin se cassait très facilement, nous obligeant à tout recommencer.

Concernant le cannage, nous ne pensions pas que le fil de trame allait prendre autant d’espace. Nous avons tellement serré le fil de chaîne que la trame ne pouvait pas passer. De plus, une fois le fil de chaîne séché, il devenait encore plus serré ! Par conséquent, nous avons du tout le temps mouiller le fil de chaîne pour enlever la tension et pour éviter de le casser pendant le cannage.

La finition nous a pris beaucoup de temps. Nous avons trouvé plusieurs cassures ou petits bouts de fibres arrachés qui donnaient une impression désordonnée, contrairement au raffinement que nous voulions donner. Il a fallu soigneusement le réparer ou le couper.

Plus globalement, ce fut une expérience enrichissante, qui nous a permis de connaître plusieurs types de fibres végétales et de techniques. C'était un plaisir de pouvoir jouer avec les fibres et cela a contribué à nous faire réfléchir autrement, à imaginer et créer plus.

Notre équipe a appris à manier une perceuse portable et s'est familiarisée un peu avec les noeuds et leur utilisation. D'autre part chaque matériau a un temps d'immersion différent, en fonction des caractéristiques de chaque type de fibre. De cela, nous tirons des conclusions sur le temps nécessaire pour tremper dans l'eau de chaque matériau. Ainsi, on a bien compris la logique du tressage et du tissage des fibres végétales (ex: canne de rotin, le rotin…).

Vidéo de présentation

// Ce projet porté par l’ENSAG et, en partenariat avec amàco, le DPEA Design pour l’architecture et l’innovation, La Casemate et les Grands Ateliers reçoit le soutien de l’IDEX Université Grenoble Alpes.