Partie 1 - Les projets éducatifs

Publié par Margaux Siché, le 30 mai 2023   670

Le 12 mai 2023 avait lieu sur le campus GIANT, à Grenoble, le colloque “Quel partenariat éducatif pour la promotion et le développement de la culture scientifique et technique ?”.

Le but de cette journée était de faire rencontrer des professionnels de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur, et de la culture scientifique et technique, afin qu’ils puissent créer un réseau et des partenariats pour faire naître des projets. 

Pour réécouter l’émission “Éducation aux sciences : Retour sur une journée de rencontres à Grenoble” diffusée le 17 mai 2023 sur les ondes de RCF Isère, c’est juste ici 

Une émission présentée et préparée par Margaux Siché

Journal de bord d’une journée autour de l'éducation aux sciences

Tout a commencé vers 9h30. Tout le monde était arrivé et avait eu le temps de prendre un petit café quand nous sommes entrés dans l’amphithéâtre Grenoble INP. Là, après une brève introduction des représentants de l’UGA et du rectorat, nous avons assisté à la présentation de 12 projets autour de la culture scientifique, afin de mettre en valeur et de faire connaître les partenariats existants, entre l’éducation nationale, l’enseignement supérieur, et les acteurs de la culture scientifique.

D’un point de vue extérieur, on n’imagine pas tous les acteurs impliqués, et certains projets sont surprenants, au point de nous donner envie de retourner au collège…

Parmi ces projets on retrouvait ceux de la maison pour la science (MPLS), qui développe notamment des formations scientifiques pour les professeurs des écoles et des collèges. Ces formations sont construites et animées par un formateur pédagogique, et un ou plusieurs scientifiques. Elles permettent d'apporter un regard croisé entre l'enseignement, et la recherche sur le thème abordé, afin de réfléchir sur comment enseigner et partager les sciences dans les classes. La MPLS, c'est aussi l'intervention d'étudiants en science dans des classes d'écoles primaires, en partenariats avec les enseignants, pour coanimer une séquence de sciences (5 à 7 séances sur une même thématique).

Certains des projets sont portés par l'UGA comme les cordées de la réussite. Ce projet a pour cible les établissements placés en quartier prioritaire de la politique de la ville, ainsi que les zones rurales et isolées. Un établissement d'enseignement supérieur va venir encorder ces établissements secondaires afin qu'ils établissent, ensemble, un programme d'action (orientation, découverte de milieux professionnels, ouverture sociale et culturelle, tutorat ou mentorat) visant notamment à accroître l'ambition scolaire.

Il nous a aussi été présenté des partenariats entre chercheurs de l'UGA et enseignants, que ça soit avec des élèves de maternelle, pour mettre en place des programmes éducatifs en adéquation avec les avancées de la recherche, ou des projets éducatifs qui mettent les élèves en immersion, et où ils vont travailler main dans la main avec les chercheurs de l'UGA et leurs enseignants pour résoudre une énigme.

Par ailleurs, nous avons pu découvrir les projets éducatifs du campus GIANT, qui propose aux élèves des parcours d'immersion inscrit dans la durée, dans le but de faire faire et de faire comprendre les sciences, ainsi que de faire découvrir les métiers scientifiques. Dans cette optique de faire découvrir des métiers, il y a aussi le projet développé par le CEA, "Inspir'Up Day" qui fait se rencontrer des femmes qui font des métiers dits "genrer", avec des collégien.ne.s et des lycéen.ne.s, afin qu'ils puissent échanger entre eux.

Enfin, certains de ces projets sont nés directement de constats de certains chercheurs, sur le manque d'action climatique malgré des connaissances et une volonté certaine. C'est le cas de Lucas Davaz, glaciologue, qui a aussi une casquette de médiateur scientifique, et qui souhaite sensibiliser à la complexité du climat, et  faire comprendre comment le climat fonctionne. Dans la même idée, nous avons le projet "1, 2, 3 couleurs", où des chercheurs ont travaillés sur la couleur en 2015. En se passionnant pour le sujet, ils ont continués dans ce sens et ont aujourd'hui développer un projet pour permettre à tout le monde, y compris les scolaires, de comprendre le fonctionnement scientifique de la couleur par l'expérience.

Photo d'Anaëlle Gateau

Suite à ces présentations, nous avons pu échanger avec les différents porteurs de projets. En effet, dans le hall, se trouvait un poster par projet présenté, mais aussi d’autres projets. L’occasion pour les personnes présentes d’échanger sur les projets, les partenariats, mais aussi avec les partenaires, et de potentiellement créer des liens.

Retranscription de l'interview d'Isabelle Rousset pour le projet "Périscolaire - Atelier langage"

Margaux Siché (M.S) : Bonjour Isabelle Rousset, vous êtes ingénieure de recherche en science du langage ,et vous avez présenté un projet autour des interactions langagières en maternelle. Est-ce que vous pouvez m’en dire un petit peu plus ?

Isabelle Rousset (I.R) : Le projet est né d’un constat commun entre la médecine scolaire de la ville de Grenoble et des chercheurs sur : comment aider les enfants qui ne sont pas au niveau qu’on attend au niveau langage, mais qui ne sont pas non plus au niveau diagnostic trouble du langage”. Donc on s’est dit, est ce qu’on peut par des moyens pédagogiques et didactiques réussir à régler ce problème. Et en fait, pour ça, on s’est appuyé sur le développement de la recherche en développement du langage, et sur les apports qu’on a actuellement sur la nécessité d’avoir des développement syntaxique, de mettre les enfants en sécurité pour pouvoir parler. Ce qu’on entend par là, c'est majoritairement faire des petits groupes homogènes au niveau du langage, pour que les enfants puissent se l’approprier.


M.S : Donc si je comprends bien, vous avez mis votre recherche au service de l’enseignement, est ce que dans l’autre sens, ce que vous mettez en place fait aussi avancer votre recherche ?

I.R : Alors, oui, au sens où ce qu’on met en place nous permet d’avoir des retours. On a des vidéos, des ateliers, on nourrit nos corpus pour connaître au maximum quel est l’éventail du développement du langage de l’enfant. On travaille beaucoup, nous, sur des corpus, c’est notre spécialisation au sein du laboratoire Lidilem. On essaye d’avoir le maximum de données dans le maximum de cadres différents, pour pouvoir voir quel est la réalité du développement de l'enfant un peu plus basé sur le réel que ce qu’on peut avoir dans des analyses théoriques. Jusqu’à présent, elles n’étaient pas forcément faites sur des enfants de quartier priorité de la ville ou d’école en REP+. On a construit une grille de positionnement à destination des enseignants et c’est le même outil qu’on utilise en recherche en classe, dans les ateliers de langage. Et puis, plus on a de données avant, après et hors ateliers, plus on peut quantifier l’apport des ateliers.

 

Retranscription de l'interview de Fanny Devois et Laure Fort pour le projet "Petits meurtres en salle de sciences"

Fanny Devois (F.D) : Petits meurtres en salle de science est un projet en collaboration avec l’institut

de chimie moléculaire de l’UGA. Notre objectif est de mettre les élèves en immersion totale sur une scène de crime, pendant 3h, avec du matériel spécialisé. Ils vont devoir résoudre le crime et savoir ce qu’il s’est passé. Une fois les indices récoltés, ils devront les analyser dans différentes matières tout au long de l’année, en lien avec leur programme.

  • Physique-Chimie : Analyse des liquides de la scène de crime et de la balistique
  • Science de la Vie et de la Terre : Analyse d’ADN, d’empreinte digitale ou encore des groupes sanguins
  • Technologie : Reconstitution 3D de la scène de crime et un décodage de l’ordinateur de la victime
  • Mathématiques : Déterminer la pointure du suspect et sa taille à partir de moulage
  • Langue : Interrogation des témoins
  • Art-Plastique : Portrait robot du suspect
  • EPS : Reconstitution de la lutte 
  • Education Morale et Civique, 4ème : Procès du suspect n°1

Margaux Siché (M.S) : Comment se fait la coopération avec les partenaires du projet ?

F.D : Généralement, nous avons un indice trop compliqué à analyser pour les élèves, et donc nous demandons l’aide du laboratoire de l'UGA…

Laure Fort (L.F) : Moi je fais partie d’un plateau de spectrométrie de masse de l’Institut de Chimie Moléculaire de Grenoble. On est chargé d’analyser l’indice que l’on reçoit de cette scène de crime. Une fois que cette analyse est faite, pendant une journée, il y a deux classes du collège qui viennent. On leur expose nos résultats, on leur montre toutes les démarches scientifiques. Dans un deuxième temps, on est 4 personnes du plateau et on échange avec eux sur notre parcours que ce soit la formation, nos métiers… On leur présente nos métiers à l’université, ça va du chercheur à l’assistant ingénieur. Ça leur montre les métiers de la recherche et les métiers supports à la recherche. Pour finir on leur présente le labo.

Retranscription de l'interview de Marion Bard pour le projet "Giant@school : les programmes éducatifs du campus d'innovation GIANT"

Marion Bard (M.B) : Je m’occupe des projets éducatifs au sein du campus GIANT. Nous organisons au sein de ce campus un certain nombre d’actions dont des actions pour les scolaires, principalement collèges et lycées. On a 4 programmes pour les lycées : 

  • Nano@School :  microélectronique
  • Synchrotron@School : la matière
  • Innov@School : la démarche de créativité
  • Energie@School : enjeux autour de l'énergie

Et puis on travaille avec le CNRS, qui a développé aussi son propre programme qui s’appelle School@Physiquarium qui reçoit des classes de lycée pour parler plus de recherche fondamentale autour de la physique.


Margaux Siché (M.S) : Quels sont les objectifs derrière ces projets ?

M.B : Les objectifs, pour les lycéens en tout cas, c’est de susciter des vocations et de pérenniser le fait qu’ils soient engagés dans des filières scientifiques. Parce que les lycéens ont déjà fait un choix, ils sont déjà dans une filière scientifique, et nous notre objectif c’est qu'ils poursuivent et qu’ils connaissent mieux les filières qui sont possibles à la sortie du lycée.

Retranscription de l'interview de Marion Pastori pour le projet "Rencontres Collèges et Sciences"

Margaux Siché (M.S) : Pouvez-vous nous présenter votre projet ?

Marion Pastori (M.P) : On est venus présenter un dispositif porté par le département de la Drôme. La force de ce dispositif c’est qu’on mutualise des services très différents. Le service éducation jeunesse qui nous fait toutes les relations avec les établissements scolaires, les Clévos (Les clévos, cité des savoirs est un centre de culture scientifique technique et industrielle situé à Etoile sur Rhône (26), au sud de Valence) pour la coordination de la conception des fiches pédagogiques : c’est des projets clés en main qu’on propose aux enseignants. Et nous, l’UGA, pour la mobilisation des chercheurs pour créer des rencontres entre les collégiens et des scientifiques. L’idée c’est vraiment de les faire dialoguer, de donner une proximité très forte entre le scientifique et le collégien. C’est des formats qu’on essaye de rendre très ludique et très interactif. On essaye de construire avec les scientifiques qui viennent, des propositions qui soient vraiment en adéquation avec ce qu’attendent les enseignants. C'est une vraie volonté des enseignants, notamment pour nos territoires de la Drôme, un peu éloignés des structures de recherches, pour lesquels c’est vraiment important de créer du lien.