De la vision littéraire de Victor Hugo aux théories scientifiques modernes, n’y aurait-il qu’un pas ?

Publié par Xavier Hiron, le 16 juillet 2023   690

Peut-on décrire, voire même seulement approcher une interaction potentielle entre la littérature et la science ? L’une serait-elle, parfois, le creuset de la seconde ? Ou la littérature peut-elle être ressentie comme la précurseuse, ou même seulement l’annonciatrice de l’autre ? Un exemple hors normes nous est fourni par un texte paru en 1950 dans la revue Esprit (revue d’intellectuels chrétiens qui tentaient, durant les années d’après-guerre, de rationaliser un certain humanisme scientifique, alors déclinant, autour du concept intellectuel - mais dont la notion et la prééminence commençaient socialement parlant à se fissurer - d’une perception « divine »).

Georges Poulet, critique belge qui s’intéressa particulièrement à l’étude du temps humain, y analyse le rapport immanent entre les notions de temps et d’espace perçues dans l’œuvre magistrale de Victor Hugo. Et la vision qui en ressort est proprement transcendante. Même si ce texte semble être l'émanation d’une construction de l’esprit réalisée à partir de l’assemblage de fragments tirés d’une œuvre colossale (et où, a priori, on peut y trouver tout ce que l’on veut), son enseignement constitue une rare illumination.

Son étude illustre comment, pour Victor Hugo, s’est insinué le doute existentiel, qui non seulement porte son œuvre dans son entier, mais illumine, nous suggère l’auteur de l’essai, la pensée humaine de son siècle*. Mais surtout, les perceptions qu’il décrit au sein d'une pensée qui s’élabore, peu ou prou, entre 1820 et 1850, ressemblent, a posteriori, fort étrangement aux racines de la théorie de la relativité émise en deux étapes (relativité restreinte, puis relativité générale) entre 1905 et 1915 seulement. La quintessence de cette vision se base en effet sur le rapport étroit et indissoluble entre l’espace et le temps (le fameux concept de l’espace-temps), qui émaneraient, selon la vision portée par Victor Hugo, d’un gouffre où l’homme et son environnement resteraient miraculeusement en suspens : « L’univers pend, rien ne tombe. ».

Ainsi, pourrait-on dire, pour Hugo, Dieu serait la perception grandiose du néant. Ou comment l’inexplicable fait partie intégrante du constat humain. Hors de toute explication uniformément rationnelle, seul un concept externe pourrait-il venir, en effet, nous confirmer la cohérence universelle du hasard ? Or l’on s’aperçoit que, même de nos jours, devant les interrogations soulevées, par exemple, par les implications de la théorie des cordes (ou plus spécifiquement, par la théorie du tout - théorie induite de la Grande unification), et plus particulièrement encore en ce qui concerne l’absence d’un modèle cohérent unifiant les 60 ordres de grandeurs connus et scientifiquement investigués par l’homme, plus d’un scientifique restent tentés par une telle approche de retrait intellectuel (voir à ce sujet notre article établi à partir du livre de Jean-Pierre Luminet).

Mais donnons plutôt la parole aux protagonistes de cette démonstration initiale. Pour y avoir accès, cliquez sur l’icône PDF située en bas de la colonne de gauche, et il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une excellente et inattendue découverte.

                                                                                                                    Xavier Hiron, juillet 2023

(* bien que, en réalité, Victor Hugo se trouve à tous points de vue à l'opposé de l'esprit dominant de son époque ; cette remarque s'applique donc à notre perception rétrospective de la démarche de cet auteur - telle une sorte de big-bang de la pensée)