[PORTRAIT] Eliot Jager : une thèse qui ne vous laissera pas de glace...

Publié par Sandy Aupetit, le 26 mars 2021   1.7k

N'aurions-nous pas tendance à oublier l’importance de la lutte contre le réchauffement climatique dans le contexte sanitaire actuel ? Eliot Jager, doctorant en première année de thèse à l’Institut des Géosciences de l’Environnement à Grenoble, a accepté de répondre à nos questions. Sa thèse, liant glaciologie et informatique, nous en apprend beaucoup sur l’état de notre planète et l'avancée du réchauffement climatique. 

Une voie tracée vers les plus hauts sommets 

Eliot est né au milieu des montagnes grenobloises. Sa famille possède un chalet où il observe dès son plus jeune âge les changements que provoque le réchauffement climatique sur le domaine alpin. Il voit notamment les glaciers, immenses objets au mouvement si lent, disparaître doucement.   

 Les glaciers c’est quelque chose de frappant d’un point de vue climatique.

Eliot a toujours été attiré par les montagnes de par leur grandeur, leur beauté et surtout par les glaciers. Ces géants de glaces posés ici depuis des temps si lointains qu’aucun humain vivant ne peut se targuer de les avoir vus naître. Pourtant aujourd’hui, ils se fissurent, se brisent…

Mais Eliot ne se résigne pas à cette réalité. Après le lycée, il se fixe donc pour objectif de faire des études pour mieux les comprendre, prédire leur évolution et agir pour pouvoir continuer à les admirer dans le futur. Il réalise ainsi 2 ans d'études à la prépa des INP de Grenoble, avant d’intégrer l'École nationale supérieure d'électrotechnique, d'électronique, d'informatique, d'hydraulique et des télécommunications (ENSEEIHT) à Toulouse, pour effectuer un master en mécanique des fluides. Durant cette période, il effectue deux stages, dont un à l’Institut des Géosciences de l’Environnement, qui sera révélateur. Il choisit alors de poursuivre en thèse dans ce même laboratoire. 

Les géants de glaces sous haute surveillance  

Eliot réalise une thèse en glaciologie, une discipline consistant à étudier les glaciers, qui constituent des indicateurs important du réchauffement climatique. Il s’intéresse en particulier aux glaciers du Groenland, étudiés depuis plusieurs dizaines d’années par les scientifiques. Des équipes sur place mesurent la taille des glaciers, la distance qu’ils ont parcourue ou encore l'épaisseur des nouvelles couches de neige. A certains endroits plus difficiles d’accès, les mesures sont réalisées par des photos satellites. 

Le travail d’Eliot consiste à rassembler toutes ces données, afin de créer des modèles informatiques pour rendre compte du rythme de formation, de déplacement ou de fonte des glaciers en fonction du temps, et de faire des prédictions pour le futur. La puissance de calcul des ordinateurs permet alors de visualiser ce qu’il restera des calottes glaciaires du pôle Nord dans quelques dizaines d’années.   

 La glaciologie peut aussi être l'étude des risques liés à la fonte des glaciers.

L’un des problèmes majeurs engendré par la fonte des glaciers est l’augmentation du niveau des mers. Si la fonte de la calotte glaciaire du Groenland continue au rythme observé aujourd’hui, l’eau générée contribuerait à l’élévation du niveau des océans de 5 et 20 centimètres d’ici un siècle.

Par ailleurs, les glaciers situés dans les montagnes sont une source d’eau importante dans le monde. Leur fonte de plus en plus rapide risque d'entraîner des problèmes d’approvisionnement en eau mais également des catastrophes naturelles. Les autorités indiennes ont eu le droit à une piqûre de rappel très récemment. Un glacier himalayen s’est rompu, relâchant une grande quantité de glace dans une rivière. Cela a provoqué une crue très rapide et l’inondation de la vallée qu’elle parcourt.   

Le travail effectué par Eliot et les autres chercheurs de l'institut des Géosciences de l’environnement permet de se projeter dans le futur et d’anticiper les prochains bouleversements majeurs, avec comme objectif une meilleure prévention et gestion des risques. 

L’impact de la crise sanitaire et les projets pour le futur  

Depuis bientôt un an nous vivons dans un monde différent. La crise sanitaire du Covid-19 nous a obligés à changer nos habitudes. Pour Eliot, ce sont ses conditions de travail qui ont changé. Il doit effectuer plusieurs jours de télétravail par semaine. Si cela n’a pas modifié les missions qu’il doit accomplir, le manque d’interaction avec ses collègues se fait ressentir. Heureusement, Eliot vit en colocation avec d’autres étudiants. Ils préservent une ambiance calme pendant la journée pour que chacun puisse travailler et se rassemblent le soir pour partager des moments plus conviviaux. Dans ce contexte, le jeune chercheur hésite encore sur la suite de son parcours.   

 Pour l’instant je ne me projette pas beaucoup plus loin que la thèse, j’essaye de voir si ça me plait. 

Eliot espère cependant avoir l’opportunité de participer à des expéditions. Pouvoir approcher et voir de ses propres yeux les glaciers qu’il étudie. Mais il faudra faire preuve de patience et attendre la fin de la pandémie pour réaliser de tels voyages… 

 

Article rédigé par Léna Mammiferi et Paul Astié

 


Cet article a été rédigé par les étudiants de licence suivant l'enseignement transversal "Sciences, journalisme et réseaux sociaux" proposé à l'Université Grenoble Alpes (UGA). Cet enseignement est encadré par Sandy Aupetit, chargée de médiation scientifique à l'UGA et Marion Sabourdy, chargée des nouveaux médias à La Casemate. Suivez l'actualité de l'ETC sur Twitter !