Pourquoi le moustique tigre est-il aussi invasif ?

Publié par Encyclopédie Environnement, le 10 août 2021   2.7k

Avec les beaux jours et les apéros en terrasse, c’est également le retour des moustiques. Depuis quelques années en France, nous sommes confrontés à un moustique particulièrement agressif et actif toute la journée : le moustique tigre. Originaire d’Asie du Sud-Est, il n’a fallu que quelques dizaines d’années pour que ce moustique se propage à l’ensemble des continents (sauf l’Antarctique).

Figure 1. Répartition du moustique tigre  [Source : https://www.encyclopedie-environnement.org/vivant/pourquoi-moustique-tigre-invasif/]

La croissance rapide des échanges commerciaux de marchandises à l’échelle mondiale a multiplié les introductions du moustique tigre. Sa diffusion a probablement débuté à la fin du 19e siècle, mais sa répartition s’est rapidement étendue au cours des dernières décennies, notamment en Europe où l’espèce est présente depuis la fin des années 1970. Pourquoi le moustique tigre est-il aussi invasif ? Comment ce moustique tropical s’est-il adapté aussi rapidement à des climats aussi variés ?

L’Encyclopédie de l’Environnement répond à ces questions.

Un cycle de vie associé à l’eau

Le cycle de vie du moustique tigre comprend quatre stades : œuf, larve, nymphe, et imago (adulte), répartis sur deux phases en fonction du milieu dans lequel les stades se produisent. La première phase, aquatique, comprend les stades œuf, larve, et nymphe, le stade adulte étant aérien. Les moustiques adultes mâle et femelle se nourrissent de nectar, mais les femelles ont besoin d’un repas de sang pour apporter les nutriments nécessaires au développement des œufs. Les œufs sont pondus sur une surface solide proche de la surface de l’eau, et poursuivent leur développement une fois que le support est recouvert d’eau. Les œufs sont résistants à la sécheresse.

Figure 2. Cycle de vie du moustique tigre [Source : © Stéphanie Sherpa, https://www.encyclopedie-environnement.org/vivant/pourquoi-moustique-tigre-invasif/]

Initialement, le moustique tigre était forestier mais il est désormais bien adapté aux environnements péri-urbains et ruraux, qu’il affectionne particulièrement car il y trouve le gite et le couvert. Seule la femelle pique, ayant besoin d’un repas de sang pour pouvoir pondre. Les larves aquatiques peuvent se développer dans un petit volume d’eau : des récipients naturels, tels que les souches d’arbres, ou des réservoirs artificiels, tels que les pneus usagés, les récipients abandonnés, soucoupes de pots de fleurs, ou récupérateurs d’eaux pluviales.

Figure 3. Sites de ponte du moustique tigre [Source : https://www.encyclopedie-environnement.org/vivant/pourquoi-moustique-tigre-invasif/]

Une espèce adaptée aux contraintes environnementales des régions tempérées

Comme chez de nombreux insectes, la survie hivernale du moustique tigre dans des environnements froids est principalement déterminée par la capacité des œufs à entrer en diapause. Cette adaptation physiologique est déjà présente dans les régions tempérées d’Asie qui sont à l’origine de l’introduction en Albanie et au Centre de l’Italie, ainsi qu’aux Etats-Unis, à l’origine de l’introduction au Nord de l’Italie. Ainsi, le moustique tigre était déjà pré-adapté pour s’installer en Europe. De plus, les contraintes environnementales rencontrées lors de l’introduction en Europe étaient peu différentes de celles rencontrées dans les populations sources, pouvant expliquer l’établissement rapide des populations. Ces contraintes environnementales incluent les contraintes climatiques (température, précipitations) mais également anthropiques (urbanisation et artificialisation des milieux). La distribution du moustique tigre en régions tempérées correspond à certains seuils de conditions climatiques : une température moyenne du mois le plus froid supérieure à 0°C pour la survie hivernale des œufs et une température moyenne annuelle de 11°C pour le maintien de l’activité des adultes : c’est la raison pour laquelle on ne le trouve pas en altitude. Un minimum de 500 mm de précipitations annuelles pour le maintien en eau des sites de ponte est également nécessaire en milieu naturel, mais cette contrainte peut être levée en milieu anthropisé (réservoirs réalimentés par l’Homme).

Conclusion : si vous voulez profiter tranquillement de votre terrasse, sachez reconnaitre le moustique tigre et ne lui laissez aucun site de ponte dans votre voisinage.

Figure 4. Reconnaitre et signaler le moustique tigre [Source : https://www.auvergne-rhone-alpes.ars.sante.fr/le-moustique-tigre-vecteur-de-maladies]

Le moustique tigre n’est pas la seule espèce à profiter de l’intensification des échanges commerciaux et on observe une explosion de la fréquence d’introduction d’insectes exotiques à l’échelle mondiale. Leur expansion est favorisée par le réchauffement climatique et l’homogénéisation des milieux (anthropisation). Ces espèces invasives sont responsables de lourdes pertes économiques (insectes ravageurs de cultures ou de forêts, comme la pyrale du buis), peuvent poser des problèmes sanitaires lorsqu’ils sont vecteurs de maladies (comme les moustiques et les tiques), et sont l’une des causes du déclin de la biodiversité.


Ce texte est tiré de l’article Pourquoi le moustique tigre est-il invasif ? de Stéphanie Sherpa, Attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche, publié dans encyclopedie-environnement.org.

Ce travail a été réalisé grâce au soutien financier d' UGA Éditions dans le cadre du programme "Investissement d'avenir", et de la Région Auvergne Rhône-Alpes.

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